Les reporters photographes et cameramen dûment accrédités pour couvrir le défilé du 20 mai au boulevard du 20 mai à Yaoundé ont exercé leur métier depuis une cage. A cette position il leur est pratiquement impossible de capter des attitudes du Président de la République dans la tribune officielle à leur gauche.
Voilà une belle image de notre liberté d’expression. Des photographes accrédités et mis en cage comme des cochons ou des chiens enragés. Ça se passe pourtant à Yaoundé, siège des institutions où le défilé du 20 mai est présidé par le président de la République S.E. Paul Biya qui doit avoir certainement vu cette image voulue par certains de ses proches collaborateurs.
« J’ai refusé de vivre encore ça, les reporters photographes dans l’enclos. J’espère qu'il n'y aura pas une loi pour m'obliger à rentrer dedans ». S’il avait accepté de se faire encager, nous n’aurions certainement pas eu cette belle image, la meilleure sans doute, de la 45ème édition de la Fête Nationale du Cameroun à Yaoundé.
Tous les professionnels ne peuvent pas supporter telle insulte. Et il me souvient, quand je couvrais encore cette fête nationale de l’Unité dans la capitale, des badges étaient servis où vous aviez F pour fixe.
On vous faisait quand même travailler sur place, avec des possibilités de se déplacer sur deux ou trois mètres, à gauche comme à droite, et jamais devant ou derrière. Seuls les détenteurs du badge marqué M pour mobile-combien et qui étaient-ils- avaient la liberté de se mouvoir sur le champ de la cérémonie.
Lorsqu’ils sont parqués en cage comme sur l’image, ils ne sont pas différents des invités installés dans les tribunes. Impossible pour eux de capter les attitudes de la tribune officielle. Le champ qui leur est ouvert c’est les défilants et le public en face.
Ceux qui ont eu la chance de couvrir de grands événements tels que la montée sur le tapis rouge au Festival de Cannes vous le diront, les photographes sont sur place, mais la scène est créée de sorte que le photographe n’a aucune envie de se déplacer d’un coin à l’autre pour capter un geste ou saisir l’instant des stars qui passent.
Le photographe au Cameroun apprend à travailler de manière professionnelle en voyant-internet aidant- comment ça se passe sous d’autres cieux.