Le projet de retrait de l’agrément du Syndicat National des Footballeurs Camerounais (SYNAFOC) au profit de l'Association Nationale des Footballeurs Camerounais (ANFC) pour représenter les joueurs à l’Assemblée Générale de la FECAFOOT (Fédération Camerounaise de Football) suscite une vive controverse. Cette initiative, qualifiée de "liberticide et déshumanisante" par Alain Denis Ikoul, est dénoncée par de nombreux acteurs du football camerounais. Voici les sept principales raisons avancées par susmentionné pour contester cette décision, selon des sources proches du dossier.
Tout d'abord, le rôle d’un syndicat comme le SYNAFOC est de défendre avec rigueur et indépendance les droits et intérêts des joueurs. Contrairement à une association, un syndicat possède un mandat de représentation bien plus fort, reposant sur une légitimité basée sur la défense des conditions de travail et des droits socio-économiques des sportifs. Supplanter un syndicat par une simple association affaiblirait donc considérablement la voix des joueurs.
Ensuite, un point essentiel soulevé dans cette controverse est que le président de l'ANFC est un salarié de la FECAFOOT, une position qui le rendrait dépendant de l’autorité fédérale. Dans ce contexte, sa capacité à défendre efficacement les intérêts des joueurs serait limitée, car il risquerait d'être influencé par la volonté de ses employeurs. Cela pose un problème évident d'indépendance et de conflit d'intérêts.
Troisièmement, plusieurs observateurs dénoncent la volonté de la FECAFOOT de contrôler entièrement l'environnement du football camerounais en muselant toute opposition ou contradiction. Le retrait de l’agrément du SYNAFOC serait ainsi perçu comme un moyen de faire taire une voix critique et indépendante au sein de l’Assemblée Générale de la fédération, facilitant ainsi une gestion unilatérale des affaires du football au Cameroun.
Par ailleurs, le président de la FECAFOOT, Samuel Eto’o, a lui-même participé à la création de l'ANFC, ce qui remet en question l’impartialité de cette structure. Pour beaucoup, cette proximité entre la fédération et l'association ne permet pas d'envisager une défense neutre et objective des droits des footballeurs.
L'une des critiques les plus vives concerne l’intention supposée de la FECAFOOT de rompre définitivement avec le SYNAFOC pour mieux restreindre les droits des joueurs, parfois en complicité avec certains présidents de clubs. Ces derniers sont accusés de collaborer avec la fédération pour contourner les obligations envers les joueurs et minimiser les revendications collectives.
La fédération semble également vouloir exercer un contrôle total sur tous les aspects du football au Cameroun. Après avoir déjà pris des mesures pour renforcer son emprise sur les présidents de clubs, les arbitres et d’autres corps de métier, la FECAFOOT cherche maintenant à affaiblir les syndicats de joueurs pour éliminer toute résistance à sa politique.
Enfin, en matière de libertés associatives et de respect des droits humains dans le football, cette décision constituerait un recul historique. Selon Alain Denis Ikoul, un défenseur des droits des footballeurs, cette démarche fait régresser le football camerounais de plusieurs décennies, renvoyant à une époque où les droits des travailleurs sportifs étaient négligés, voire ignorés.
Le retrait de l’agrément du SYNAFOC au profit de l'ANFC suscite donc de vives inquiétudes, non seulement pour les joueurs, mais aussi pour l'avenir du football camerounais. La crainte d'une gestion centralisée et autoritaire, loin des préoccupations des footballeurs, risquerait de fragiliser davantage la défense des droits des joueurs dans un secteur déjà en proie à de nombreuses difficultés structurelles.