Dans un nouvel article sur le Cameroun et notamment sa classe politique en général qui a presque vieilli, le renouvellement des leaders reste un véritable challenge. Au niveau des autres formations outre le RDPC de Paul Biya, les caciques font également résistance et ne veulent pas lâcher leur parti.
Jeune Afrique est naturellement revenu sur la bataille de succession au niveau du SDF. « Parmi eux, des compagnons de route du chairman, qui comptent pour la plupart vingt-cinq années de militantisme au sein du parti, comme le truculent député Jean Michel Nintcheu, la sénatrice Emilia Nkeze et l’ancien secrétaire général du SDF, John Tsomelou. Les exclus sont surtout des cadres qui se sont illustrés, au cours de ces derniers mois, par leur vive opposition à John Fru Ndi, dont ils contestent l’essentiel des récentes décisions et réclament le départ », rappelle Jeune Afrique.
« Le texte officialisant leur éviction s’ajoute d’ailleurs à la longue liste de leurs griefs. Et cette fois, le groupe des contestataires, auquel a été donné le surnom de « G27 », s’est résolu à ester en justice afin d’obtenir l’annulation de cette décision.Mais comment le parti symbole de la lutte pour le multipartisme et la démocratie au Cameroun en est-il venu à étaler publiquement ces clivages, qui menacent désormais sa survie ? Cette exclusion est en effet le dernier épisode de la bataille à laquelle se livrent les militants dans la perspective d’une succession à la tête de leur mouvement. Une lutte que, ces deux dernières années, les multiples annonces de départ à la retraite de Fru Ndi n’ont fait qu’amplifier, d’autant que la fameuse retraite tarde à arriver.À 81 ans, l’éternel opposant à Paul Biya tient toujours fermement les rênes du parti qu’il a fondé il y a trente-deux ans, et continue d’y faire la pluie et le beau temps. En témoigne ce passage en force, lorsque, en mai 2022, le chairman, contre l’avis d’une large majorité de sa base, a décidé de faire défiler des militants du SDF à l’occasion de la fête nationale, alors que son mouvement avait annoncé la boycotter » , précise le Magazine panafricain.
« Fru Ndi n’est pourtant pas le seul dirigeant de parti à résister à l’usure du temps et aux appels des plus jeunes en faveur d’un renouvellement. On retrouve en effet à la tête des principales formations du pays des personnalités dont les noms jalonnent l’histoire politique du Cameroun depuis l’avènement du multipartisme, au début des années 1990, voire depuis plus longtemps.C’est le cas de Garga Haman Adji, 79 ans, trois fois candidat à la magistrature suprême, qui préside l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD). Ou du ministre du Tourisme, Bello Bouba Maigari, 76 ans, fondateur de l’Union nationale pour le développement et le progrès (UNDP), qui fut le Premier ministre de Paul Biya en 1982-1983. Ou encore du ministre de l’Emploi, Issa Tchiroma Bakary, 74 ans, qui préside le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC). Ces deux dernières formations soutiennent le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) », ajoute Jeune Afrique.
Dans ce marigot presque boueux, Maurice Kamto et Cabral Libii sont présentés comme des alternatives.
« L’opposition serait-elle condamnée à être la réplique d’un pouvoir immobile et de cet immuable système qui domine la classe politique depuis plus de quarante ans ? Ces dernières années, l’éclosion de nouveaux acteurs et formations politiques semble toutefois lui apporter un nouveau souffle. D’abord avec Maurice Kamto et son MRC, ensuite avec l’ancien leader estudiantin Cabral Libii, 42 ans, député et président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN).Cet espoir s’est d’ailleurs traduit dans les urnes lors de l’élection présidentielle de 2018, à l’issue de laquelle Kamto et Libii, qui étaient candidats pour la première fois, sont arrivés en deuxième et en troisième position, recueillant respectivement 14,23 % et 6,28 % des suffrages.S’ils incarnent le renouvellement d’une classe politique depuis longtemps figée, Maurice Kamto et Cabral Libii doivent cependant résister à d’intenses pressions du pouvoir. Entre l’emprisonnement de ses militants et l’interdiction systématique de leurs manifestations, la nouvelle opposition tiendra-t-elle jusqu’aux prochains grands rendez-vous électoraux, en 2025 ? », analyse Jeune Afrique