Le fléau se métastase dans la société et tend à être un mode de vie dans les réseaux sociaux si rien n’est fait.
La révolution numérique a d’abord auguré du meilleur : Internet pensait-on, était la possibilité pour les journalistes de communiquer plus vite, de vérifier plus facilement leurs sources, de démasquer impostures et imposteurs. Sauf que rapidement, cet élan s’est inversé. L’océan numérique est devenu une marée noire de contenus douteux, insinuant plus de doute que de certitudes. A l’aube de la publication du 5ème bulletin trimestriel sur les Fake news et les discours haineux, à l’initiative de l’ONG Un Monde Avenir dans le cadre de la mise en œuvre du projet Action Citoyenne Pour La Liberté De La Presse (ACLIP), le constat est amère. Le tableau des Fake news collectés par la brigade anti Fake (un collectif des journalistes issus des dix régions du Cameroun) allant du mois de juin au d’aout présente un visage sombre. Près d’une quarantaine de Fake recensés en trois mois par ce collectif qui traque et vérifie des publications douteuses diffusées dans les réseaux sociaux et relayées par d’autres personnes. L’accès à l’information comme solution Même s’il reste difficile pour cette brigade de définir les véritables intentions des propagateurs de ces fausses nouvelles, il en demeure pas moins vrai que c’est le citoyen, consommateur final de ce produit nocif, qui en souffre. Une souffrance nourrie par non seulement un manque de professionnalisme de certains hommes de média, mais également par le difficile accès aux informations par les journalistes. Selon certains, l’espace est de plus en plus rétréci, ce qui rend difficile la mission de lutte contre les Fake news et la désinformation.
Une observation qui n’a pas manqué d’attirer l’attention des Nations Unies, qui a choisi de placer la célébration de la 15ème journée internationale de la démocratie sous le thème : « Protéger la liberté de la presse, c’est protéger la démocratie ». Selon l’institution, avoir des médias libres, indépendants et pluralistes, capables d’informer le public sur des questions d’intérêt public est un élément clé de la démocratie. Cela permet au public de prendre des décisions informées et tenir les gouvernements responsables de leurs décisions. Quand la liberté des médias est menacée, le flux d’information peut être faussé, étouffé ou complètement interrompu. Dans son message adressé aux Etats à l’occasion de cette journée, le Secrétaire général António Guterres a réaffirmé le fait que « la sphère publique se rétrécit». «La méfiance et la désinformation gagnent du terrain. L’heure est venue de tirer la sonnette d’alarme, l’heure est venue de défendre les principes démocratiques que sont l’égalité, l’inclusion et la solidarité » a-t-il poursuivi C’est au vu de cette difficulté d’accès à l’information que plusieurs organisations de la société civile se sont engagées dans la lutte pour l’éradication de ces fléaux qui prennent des proportions et se répandent avec une célérité sans pareil à la faveur de la pénétration vertigineuse du numérique dans les sociétés, au rang desquelles l’ONG Un Monde Avenir qui a mené des actions diverses en faveur de l’accès à l’information publique. L’organisation a déjà initié cinq rencontres de concertation multi acteurs avec des parlementaires, des partis politiques, des syndicats des journalistes et des membres de l’administration en vue d’une action de plaidoyer pour la dépénalisation des délits de presse et l’accès à l’information publique. En plus de ces rencontres formelles, plusieurs autres rencontres informelles se poursuivent dans les ministères. Plus que jamais, l’accès à l’information, consubstantielle à la démocratie est atteint de ce virus meurtrier qui est une source de déstabilisation majeure, surtout dans les pays fragiles, en crise ou en sortie de crise. Mais en réalité, la communauté dans son ensemble doit prendre des mesures pour créer un environnement où les fausses nouvelles sont considérées comme inacceptables. Les Fake news présentent de graves dangers pour la cohésion d’une société démocratique et face à ce virus et à la contagion de masse, la responsabilité individuelle et la garantie d’un accès à l’information sont plus que jamais un vaccin prioritaire.