Actualités of Tuesday, 9 August 2016

Source: camer.be

Faux actes d'affectation : Le Minesec enquête

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

369 enseignants défilent à la direction des ressources humaines du ministère depuis la semaine dernière, pour clarifier leur situation.

Au troisième étage du ministère des Enseignements secondaires (Minesec), des jeunes gens, dossiers en main sont alignés devant la porte 308 : la direction des ressources humaines. Ils répondent à la convocation du ministre, les sommant de « justifier leurs actes d?affectations avant le 19 août, délai de rigueur ».

Du coup, les concernés sont sur les dents. « Je ne veux pas parler. J’ai des problèmes », lance l’un d’entre eux. Un autre, très nerveux dé- tourne son regard à l’approche de toute personne étrangère. Un peu plus loin, un plus pondéré indique : « J’enseignais au CETIC de Mindourou à l’Est et c’est pendant l’année scolaire que j’ai reçu l’acte m’envoyant à Meyomessala. Le document avait l’air authentique, pourtant il était faux. C’est pour cela que j’ai des ennuis aujourd’hui.

Et ce qui m’énerve encore, c’est que la personne qui me l’a remis est aujourd’hui introuvable», regrette-t-il, visiblement triste. Sur le procédé qui a conduit à la production de l’affectation, le sortant du fin fond de la région de l’Est, pour l’envoyer au cœur de la région du Sud, l’enseignant refuse de se confier, même sous anonymat.

D’après des sources bien introduites au Minesec, de nombreuses jeunes recrues, non contentes d’aller exercer dans l’arrière-pays ont trempé dans le faux pour rester à Yaoundé, Douala, Bamenda et Bafoussam. Certains ont fabriqué leurs actes d?affectation après avoir judicieusement choisi la ville de chute, avant les trois ans requis. Et d’autres, aidés par des réseaux mafieux, ont obtenu ces actes à travers des circuits obscurs.

A peine installé, le ministre a engagé une série de mesures aboutissant à de nombreuses vérifications. Les actes de mutation et de nomination des années 2014 et 2015 ont été passés au peigne fin. « Nous nous sommes ainsi rendu compte qu’un certain nombre de ces actes n’ont aucune trace. Ils sont sans fondement juridique. Ces documents concernent 369 personnels. Au départ, ils étaient 400. Les autres ont pu être authentifiés », confie notre source.

Le Minesec ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin. « Durant l’année scolaire 2016-2017, nous irons dans certaines structures contrôler l’assiduité, qui fait quoi et savoir si les quotas horaires sont respectés. Ce processus va sûrement engendrer une redistribution du personnel. Ce que nous voulons éviter, c’est qu’il y ait des enseignants sous-employés et que l’arrière-pays soit délaissé. Il faut que les enfants du village aient autant de chance que ceux des grandes villes », martèle notre interlocuteur.