Depuis quelques jours, plusieurs églises dites de réveil ont été fermées à Yaoundé, suite à une décision du ministre de l’Administration territoriale.

Tout d’abord, sur le plan politique, il est surprenant qu’une telle décision soit prise en cette année électorale. Dans un contexte où de nombreux Camerounais souffrent et trouvent refuge dans la foi, les églises sont devenues un des rares espaces de réconfort et d’espoir. La fermeture de ces lieux de culte pourrait être perçue comme une atteinte à l’un des derniers soutiens accessibles aux populations. Un ministre soucieux de la victoire de son candidat devrait mesurer l’impact de telles décisions, car frustrer un électorat aussi nombreux et influent peut s’avérer politiquement risqué.
Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer le rôle des leaders religieux en période électorale. Les pasteurs, prêtres et imams sont parmi les rares figures capables de donner une consigne de vote et d’être suivis par leurs fidèles. Ils peuvent, au nom d’une « révélation divine », orienter leur communauté vers un candidat en particulier. Même les chefs traditionnels, les lamidos et les grandes figures de l’administration politique s’appuient souvent sur un guide spirituel avant de prendre des décisions importantes. Ignorer cette réalité et froisser les milieux religieux en cette année électorale pourrait être une erreur stratégique majeure.

Cependant, sur le fond, il faut reconnaître que cette décision est en partie justifiée. Beaucoup de ces églises fonctionnent sans autorisation légale et, pire encore, certaines sont dirigées par des individus qui manipulent la foi des fidèles à des fins personnelles. Nous avons tous entendu parler de ces "pasteurs" qui exploitent la détresse des croyants, qui divisent des familles, détournent des femmes, et prétendent même pouvoir guérir toutes les maladies. J’ai personnellement connu une amie malade qui, plutôt que de se rendre à l’hôpital, préférait suivre aveuglément les recommandations d’un pasteur. Or, même le pape, aujourd’hui malade, se soigne dans un hôpital et non dans une église. En Afrique, certains pasteurs ont réussi à convaincre leurs fidèles qu’ils ont des pouvoirs divins, allant jusqu’à prétendre pouvoir ressusciter les morts. Une telle manipulation ne peut être tolérée.

Toutefois, le véritable problème ne devrait pas être uniquement la question des autorisations administratives. Si la logique de fermeture repose uniquement sur le non-respect des formalités légales, alors il faudrait également appliquer cette rigueur à d’autres secteurs d’activité. De nombreux bars, boîtes de nuit, agences de voyage, écoles et autres structures fonctionnent sans être totalement en règle avec la loi. Si l’objectif est de faire respecter la législation, alors la même exigence devrait s’appliquer à tous.

Un autre point essentiel que soulève cette situation est celui de la nuisance sonore. Ces églises, en plus de leur caractère souvent douteux, perturbent la tranquillité des quartiers avec des prières et des chants à des heures indues. C’est un problème réel qu’il faut régler. Toutefois, la fermeture ne devrait pas être la seule solution. Il serait plus pertinent d’imposer des mesures strictes à toutes les églises, qu’elles aient des papiers ou non, afin de limiter ces nuisances et de respecter le cadre de vie des habitants.

En définitive, si la fermeture des églises irrégulières est une décision qui peut avoir du sens, elle ne doit pas être une mesure arbitraire. Il ne s’agit pas seulement d’une question de documents administratifs, mais plutôt d’un travail de fond qui devrait inclure des enquêtes sur les pasteurs eux-mêmes, sur leurs intentions et leur impact réel sur la société. Une réglementation stricte et une surveillance plus approfondie des pratiques religieuses douteuses seraient sans doute une approche plus juste et plus efficace que de simples fermetures massives.

Merci aux véritables hommes de foi, qui consacrent leur vie à guider et soutenir les fidèles. Vous jouez un rôle essentiel dans la cohésion sociale et l’accompagnement spirituel de nombreux Camerounais. À ces pasteurs sincères, aux prêtres et aux imams qui prêchent avec droiture et intégrité, nous rendons hommage. Leur mission est précieuse, et leur engagement mérite d’être salué.


Affaire à suivre....