Emmanuel Macron a quitté le Cameroun plus tôt que prévu. Selon le programme officiel de son voyage, il devrait achever son séjour à Yaoundé ce matin à 8h. Le président français a préféré quitter tard dans la nuit, la veille. Si Macron n’a pas voulu rester plus longtemps au Cameroun c’est que son séjour ne s’est pas déroulé comme prévu. Selon France 24, Emmanuel Macron n’a pas réussi à faire pression sur Yaoundé. Paul Biya, au pouvoir pendant 40 ans n’aurait rien concédé à son hôte qui a préféré partir dans la précipitation.
Et pourtant, la classe politique camerounaise attendait beaucoup de ce voyage du chef de l’Etat français. Plus d’une centaine d’opposants au régime de Biya demeurent dans des prisons du pays depuis 2020. Interpellé à plusieurs reprises sur cette question Macron avait promis y travailler. Rien de tel n’a été constaté par les analystes de France 24 qui estiment que la France dont l’influence souffre déjà sur le continent africain n’a pas voulu évoquer les questions qui fâchent avec le président Paul Biya, 89 ans, qui préparerait son fils pour le succéder.
La Russie
Tout semble opposer le président Emmanuel Macron et son homologue Paul Biya. Lors de la conférence de presse qui a sanctionné l’entretien que les deux personnalités ont eu au Palais de l’Unité, il s’est dégagé plusieurs points de désaccord entre les deux dirigeants.
Favorable à une condamnation de la guerre en Ukraine et la prise des sanctions économiques contre la Russie, Emmanuel Macron s’est heurté à un Paul Biya froid , impassible qui durant toute son intervention a refusé de condamner les agissements de la Russie. Au contraire, Paul Biya a appelé les belligérants au dialogue et à la conciliation.
« Le président Macron et moi-même sommes d'avis que tout doit être fait pour arriver à une cessation rapide des hostilités. Pour cela, la logique de la confrontation doit céder le pas à celle de la conciliation et du dialogue », a indiqué Paul Biya.
Comme si cela ne suffisait pas, Paul Biya est revenu à la charge à la faveur d’une question d’une journaliste française. La guerre en Ukraine n’est pas la préoccupation majeure du régime de Yaoundé et Biya ne le cache pas. « Les gens sont préoccupés par la guerre d'Ukraine, nous n'avons pas abordé ce problème et il n'était pas question pour nous de l'aborder », a-t-il déclaré évoquant le voyage d’un ministre camerounais en Russie en pleine guerre en Ukraine.
Paul Biya malgré le passage de Macron ne compte pas revoir son agenda. Il réaffirme publiquement les excellentes relations qui unissent le Cameroun et la Russie.
« S'agissant de la Relation avec la Russie, elle est ancienne et nous avions signé avec ce pays un accord de coopération qui était venu à expiration. On l'a renouvelé et nous l'avons signé. Le voyage de mon ministre en Russie n'avait pas de rapport avec la situation de la guerre en Ukraine. Nous avons l'habitude de signer des accords de ce genre (...) On a pensé que peut être on allait apporter un concours à la Russie. Je crois qu'elle n'a pas besoin de l'apport du Cameroun. Il s'agissait simplement de renouveler l'accord préexistant », a-t-il déclaré.
Cette position de Biya et des dirigeants africains par rapport à la guerre en Ukraine est insupportable pour le président français.
« On dit beaucoup d'approximatives sur ce qui se passe en Ukraine (…) Le Choix qui a été fait par les européens n'est en aucun cas de participer à cette guerre mais de la reconnaître et de la renommer. Là où je vois trop souvent de l'hypocrisie particulièrement sur le continent africain. Je vous le dis avec beaucoup de calme et de sérénité, a-t-il déclaré avant de s'étonner que les Africains n'arriver pas qualifier une guerre ni désigner celui qui l'a lancée. », a-t-il répondu à un journaliste camerounais.