Actualités of Wednesday, 15 January 2025

Source: Le Messager

Fin de règne tumultueux de Paul Biya : la force de l’espérance contre la force de l’expérience

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Au cours de la 48ème année du séminaire annuel, les évêques ont fait le point sans complaisance sur la situation socio-économique du Cameroun le 11 janvier dernier à Buea. Le peuple entre expérience désolante et espérance virtuelle



Le message des évêques s’adresse d’une part aux hommes politiques et à tous les hommes et femmes de bonne volonté et d’autre part aux prêtres, personnes consacrées, fidèles laïcs et à tous les autres croyants. Les hommes de Dieu s’inspirant de la Bulle d’indiction de l’Année jubilaire de l’espérance du Pape François, ont placé l’espérance au cœur de leur message. L’espérance y est définie comme « un désir et une attente du bien, bien qu’en ne sachant pas de quoi demain sera fait » . Quand il n’y a pas d’espérance, il y a la peur, le découragement et le doute. « Les personnes découragées regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur » , lit-on dans la Bulle papale. La force de l’expérience, est comme il est connu de notoriété publique, le slogan phare de campagne du candidat Paul Biya à l’élection présidentielle de 2018. Il misait dès lors sur sa longue pratique du pouvoir pour solliciter le suffrage de ses concitoyens. Les évêques décrivent le bilan de l’expérience sous un prisme chaotique. Ils disent que depuis 65 ans que le Cameroun est indépendant, depuis 35 ans qu’ils ont commencé ont à tirer la sonnette d’alarme sur la crise économique, la situation socio-économique du pays est dramatique. « Depuis quelques années, et de plus en plus ces derniers temps, les angoisses de la très grande majorité des Camerounais se sont transformées en cris de désespoir face à la misère qu’ils vivent et à la dégradation de notre beau pays le Cameroun » , ou « souvent, trop souvent, est gaspillé l’argent de notre endettement. De pseudoinvestissements de prestige engloutissent en palais, en gratte-ciel inachevés, en projets bidons, des milliards et des milliards, vidant ainsi les caisses de l’Etat, en décuplant la misère et la misère de générations condamnées pour des dettes qu’elles n’ont pas contractées. On se trouve ainsi devant une industrie mondiale de la misère et de la mort, entretenue par ces structures de péché dont les ramifications s’étendent jusqu’au sein de notre société » , ou « la pression fiscale qui augmente d’année en année » , « le chômage des jeunes semble sans issue, même celui des diplômés, d’où l’exode massif hors de leur pays à la recherche d’un avenir meilleur » , « 7 années que la situation de violence perdure dans le Sud-Ouest le Nord-Ouest » , sont quelques clichés de la peinture du régime Biya sous la plume des prélats.




Dieu va agir Que faire ?

Continuer d’entretenir le rêve que le régime actuel va s’améliorer ou lui tourner définitivement le dos ? Le message des évêques tempère en appelant les Camerounais non pas à la rupture ouverte comme on pourrait logiquement s’y attendre, mais de se convertir et de croire à Dieu qui commande et tient toutes les vies. Ils demandent donc aux Camerounais de croire que Dieu va agir. La Force de l’espérance l’emporte donc sur la force de l’expérience lorsque les 25 prélats signent que « la situation socioéconomique actuelle de notre pays, si dramatique qu’elle soit, ne doit pas nous laisser aller au découragement car Dieu est avec nous. Et puisqu’il est avec nous, rien se sera contre nous. Nous vous exhortons à la confiance dans un avenir plus heureux et prospère de notre pays, reposant sur des structures et institutions sociales, économiques et politiques adéquates. Pour y parvenir, nous en appelons à notre responsabilité individuelle et collective » , écrivent-ils in extenso. Croire pour croire ou espérer contre toute espérance ? Pour autant, les prélats ne disent pas expressément aux Camerounais l’attitude à adopter pour faire montre de leur confiance en l’avenir. La foi chrétienne, comme il est connu, est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas (Hébreux 11 :1 ). C’est un comportement ou une attitude de confiance que le Cameroun ira pour le mieux demain. C’est la confiance que les dirigeants donnent le meilleur d’eux-mêmes pour le bien de tous. La force de l’espérance veut que les citoyens posent des actes de foi en attendant que Dieu fasse la suite. Il faut aller s’inscrire sur la liste électorale, aller voter effectivement le jour dit, attendre les résultats dans son bureau de vote, et rentrer chez soi avec l’espoir que Dieu sera au contrôle du reste. La force de l’espérance, est la conversion personnelle de chacun à son niveau, car tout le mal n’est pas le fait des seuls dirigeants mais des citoyens aussi. Le dicton populaire « le peuple à les dirigeants qu’il mérite » , a ici tout son pesant d’or. Avant le prochain vote d’octobre 2025, chacun aura le temps d’examiner sa conduite, d’éviter de ramer à contrecourant et d’être en même temps aux avant-postes de la critique acerbe des errements du régime. Autrement dit, on ne critique pas ce qu’on est. On ne critique pas ce qu’on affectionne soi-même.