La compagnie aérienne privée camerounaise Fly Zejet traverse une crise majeure, avec ses employés qui sortent de leur silence à travers une pétition adressée au top management et aux actionnaires de l'entreprise, réclamant le paiement de leurs arriérés de salaires et la reprise des activités.
Les activités opérationnelles et commerciales de Fly Zejet sont à l'arrêt depuis le 30 avril 2024. Cette interruption, comme le souligne Cyrille Ateba, porte-parole des employés signataires de la pétition, n'est pas due à des difficultés opérationnelles mais résulte d'une décision délibérée du conseil d'administration. Depuis lors, aucune opération commerciale n'a été effectuée, et aucune mesure d'amélioration de la gestion ou des performances opérationnelles n'a été engagée.
La suspension des activités a engendré une cascade de problèmes graves pour l'entreprise. Les employés cumulent désormais huit mois d'arriérés de salaires, tandis que l'inactivité prolongée a entraîné la caducité de l'AOS/ASL. Les avions de la compagnie sont immobilisés, ce qui a conduit à un statut critique d'Aircraft on Ground. Par ailleurs, les équipages de vol et de cabine se retrouvent dans l'impossibilité d'exercer leur métier, leurs licences n'ayant pu être renouvelées. La situation financière s'est également détériorée avec l'accumulation d'impayés auprès de fournisseurs stratégiques tels que Fly Embraer, Honeywell, Rolls Royce, ainsi que les bailleurs de bureaux et de logements.
Avant cette crise, Fly Zejet incarnait pourtant l'espoir d'une success-story camerounaise dans le secteur aérien. Créée officiellement en septembre 2022, la compagnie avait rapidement démontré son potentiel en transportant près de 20.000 passagers en seulement douze mois d'exploitation. Son réseau s'étendait à travers l'Afrique, desservant de nombreuses destinations comme la Guinée Équatoriale, le Gabon, la République Centrafricaine, le Congo, et bien d'autres pays du continent. Sa structure actionnariale, répartie entre GTC (50%), Christophe Semengue (37,5%) et la CNPS (12,5%), semblait garantir une assise solide.
La racine de la crise actuelle remonte au 5 avril 2024, date à laquelle Christophe Semengue, fondateur de la compagnie, a été révoqué de son poste de directeur général lors d'un conseil d'administration qu'il qualifie lui-même "d'embuscade". Cette décision a marqué l'éclatement au grand jour d'une crise latente entre différents groupes d'administrateurs aux intérêts divergents.
Face à cette situation critique, les employés demandent désormais le versement immédiat de tous leurs arriérés de salaires accumulés depuis huit mois. Ils réclament également la reprise des activités opérationnelles et la restauration des capacités de la compagnie. Leur appel à une résolution pacifique du conflit témoigne de leur attachement à l'entreprise, malgré les difficultés endurées.