Le problème des binationaux ne fait pas partie des problématiques qui seront abordées au cours de ce raout.Ce jour - et jusqu’au 30 juin prochain -, le palais des Congrès de Yaoundé accueille « le tout premier forum dédié à [notre] diaspora », comme l’a relevé Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures (Minrex).
Le Forum de la diaspora (Fodias) qui est placé sur le thème « Le Cameroun et sa diaspora ; agir ensemble pour le développement de la nation », vise essentiellement à « établir une plateforme continue d’échanges aux fins d’une part, de favoriser et de promouvoir les initiatives de la diaspora en faveur du développement de leur pays d’origine et, d’autre part, de faciliter l’interaction multiforme entre celleci et les acteurs publics et privés nationaux ». Et pour cela, des « secteurs prioritaires » dont le but est d’attirer les investissements des camerounais de l’étranger ont été identifiés et sélectionnés.
Il s’agit principalement de la santé, l’éducation et la formation professionnelle, du foncier, de l’économie et finances, des Tic et économie verte, de la sécurité sociale, des arts, culture et tourisme, de la communication et relations publiques et enfin, des sports. Pas un mot sur la double nationalité qui reste l’un des points majeurs d’achoppement entre le gouvernement et la diaspora. En août 2010 déjà, un forum économique et commercial de la diaspora camerounaise avait été organisé par les bons soins du ministère du Commerce (Mincommerce).
Les Camerounais de l’étranger, dont la contribution avait été nécessaire pour les travaux, avaient alors noté dans leur communication que l’une des entraves majeures à leurs investissements au pays, était le vote de la diaspora, le verrou de la double nationalité.
C’est en juillet 2011 que le président Paul Biya cède sur l’une de ces revendications. Le Cameroun est alors à la veille de l’élection présidentielle et le chef de l’Etat promulgue une loi autorisant les Camerounais de l’étranger à participer aux élections dans leur pays d’accueil. Il réalise ainsi une promesse faite à la diaspora lors d’une visite en France en 2009.
« On avait demandé la participation aux scrutins électoraux et la double nationalité », avait alors souligné, déçu, Jean-Baptiste Ngandomane, avocat au barreau de Paris. Pour Christian Pouth, président du Think Tank Ceides (Centre africain des études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques), par ailleurs membre du Comité d’organisation du Fodias 2017, la double nationalité n’est pas une condition à la participation de la diaspora au développement.
« Aucune des réflexions auxquelles j'ai eu accès ne postule que la double nationalité est une précondition pour l'implication de la diaspora, un frein ou un accélérateur de sa participation au développement », expliquait-il en mars dernier. Cet universitaire pense que le rôle de la diaspora doit être compris à l’aulne de la mondialisation : « Celle-ci [la mondialisation] au-delà des rigidités légales qui peuvent exister çà et là et être d'une certaine manière justifiables, oblige les nationaux à penser le devoir de solidarité vis-à-vis du pays d'origine au-delà des distances », développait-il alors.