Actualités of Monday, 7 May 2018

Source: Quotidien Emergence N°1218

Fonction Publique: Louis Paul Motaze, l’homme à abattre

Certains fonctionnaires ont été déjà mis aux arrêts. Certains fonctionnaires ont été déjà mis aux arrêts.

Paul Biya a-t-il incontestablement misé sur le bon cheval en missionnant Louis Paul Motaze au ministère des finances? C’est connu, ce département ministériel est un haut-lieu de tous les trafics contre lesquels s’attaquer est synonyme de suicide : corruption, népotisme, détournements de deniers publics se partagent la vedette, grâce aux stratégies les plus sophistiquées. Quand le nouveau ministre des finances a pris office en mars dernier, on se demandait bien ce qu’il serait capable de faire. Or, en quelques mois, les lignes semblent bouger, et dans le bon sens.

Dernier fait en date, 6 fonctionnaires du Minfi ont été mis aux arrêts. Ils ont été arrêtés le mercredi 02 mai pour le détournement. Une dizaine de milliards de francs CFA détournés dans cette affaire. Ces fonctionnaires ont fraudé le fichier solde de la Fonction publique. En d’autres termes, ils auraient encaissé des salaires fictifs sur une certaine période. En avril dernier, Louis Paul Motaze s’était déjà illustré à travers la suspension de treize responsables pour manquement à l’éthique professionnelle. Ces indélicatesses étaient entre autres, la corruption, l’inertie dans le traitement des dossiers, le refus de rendre compte, le non-respect de l’obligation de réserve, le détournement de derniers publics, l’absentéisme etc.

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Dans la même veine, dans le cadre de l’assainissement du fichier solde de l’Etat, le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, a lancé une opération de comptage physique des agents publics, avec pour but d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’Etat tous les agents publics y émargeant irrégulièrement, du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré. Les opérations doivent courir jusqu’à juin 2018.

Tenir bon

D’abord, on se rend compte que le changement est important. L’homme Motaze qui a pris la tête du ministère des finances après le passage d’Alamine Ousmane Mey, a une autre vision. Même si on sait que le Fmi est en train de faire pression pour que le Cameroun assainisse ses mœurs publiques, il fallait pour cette tâche un homme de poigne. La seule question qui est sur toutes les lèvres, c’est jusqu’où ira Motaze dans ses ambitions d’assainir les mœurs au ministère des finances. Concentrant tous les appétits, le Ministère des finances est pris en otage par une mécanique bien huilée. D’après des données officielles, entre 1987 et 2007, l’Etat a perdu 1920 milliards dans les ré- seaux d’agents publics fictifs, soit 8 milliards de frs cfa par mois.

Cette simple projection de 08 milliards FCFA détournés par mois permet de se rendre compte que 96 milliards FCFA étaient détournés chaque année, soit 1920 milliards siphonnés des caisses de l'État au seul titre des salaires fictifs de 1987 à 2007. Et la saignée continue. Ce chiffre est de loin supérieur aux 1420 milliards FCFA de remise de la dette accordée au Cameroun à la faveur de l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE. Le ministre, qui veut retirer le bifteck de la bouche de certains, risque de devenir l’homme à abattre. Mais il faut qu’il tienne bon. Il faut que le président de la Ré- publique lui donne les coudées franches pour qu’il piétine tout ce système. Il faut par exemple qu’au niveau de la solde, tout le personnel soit balayé, depuis le patron de cette direction jusqu’au planton. Car, si aucune réforme n’y a jamais eu du succès, c’est bien parce que le problème ici c’est la ressource humaine corrompue. On peut même lancer un recrutement spécial pour regarnir le service. Des milliers de Camerounais au chômage sont formés dans ce domaine et n’attendent qu’à être recrutés.

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Ce qui se passe au ministère des finances montre que les fonctionnaires ont pris le pays en otage. Pendant que des gens s’empiffrent, les vrais prestataires quant à eux ne sont pas payés. Comme l’avait si bien déclaré le président de la Ré- publique dans l’un de ses discours, le problème du Cameroun, c’est la fonction publique. De plus, tous ces gens qui s’enrichissent sur le dos de l’Etat doivent faire face à la justice. Il faut que la privation de liberté soit de rigueur. Et Louis Paul Motaze, qui se trouve à la base de l’identification des prévaricateurs, doit savoir que le travail dans lequel il s’est lancé est titanesque.