Actualités of Thursday, 22 March 2018

Source: cameroon-tribune.cm

Français parlé et écrit: le niveau baisse au Cameroun

A la base, l’influence des TIC et surtout le manque de lecture. A la base, l’influence des TIC et surtout le manque de lecture.

Question à un sou à une enseignante de langue : comment appréciez-vous le niveau des élèves en français ? Le soupir de Zenabou Fouapon, professeur au Lycée classique de Mfou, augure une déception. « Médiocre et c’est déplorable », lance-t-elle sans ambages.

Tentant une explication, elle affirme que cela est dû à un manque de lecture. « Les jeunes n’en ont pas le goût », regrette l’enseignante. C’est pourtant la clé du succès pour faire la différence. La lecture enrichit le vocabulaire, relève le style. Elle doit être méthodique, prévient Zenabou Fouapon.

« Il faut lire avec un dictionnaire à côté, avoir un stylo à bille et un bloc-notes pour recopier les bonnes expressions et la définition des mots difficiles », conseille l’enseignante. Et pourtant, les élèves préfèrent le raccourci, estimant que le dictionnaire est superflu.

Même si les programmes sont assez bien ficelés, Zenabou Fouapon pense que les instituteurs et les élèves d’hier ont eu la chance d’étudier des œuvres dont la thématique et les personnages collaient à la réalité, cela, en plus d’une formation plus pointilleuse. Aujourd’hui, les œuvres au programme sont plus hermétiques et le découragement des élèves commence là.

Notre informatrice ne croit pas que l’expansion de l’anglais y soit pour quelque chose dans cette baisse de niveau avec la prolifération des écoles anglophones fréquentées par les enfants francophones.

Par contre, elle reconnaît l’impact du "Francanglais" (mélange du français et des dialectes) et de l’usage des Short Message System (SMS) sur l’écriture et l’orthographe des mots. Ce sont des registres du parler sans norme, sans rigueur et dont la pratique appauvrit la locution et fait perdre la connaissance de l’orthographe authentique des mots.

Dans la cour de récréation et dans les conversations entre les élèves, à la maison ou en chemin, les jeunes aiment l’usage du « Francanglais ». « C’est une manière d’affirmer notre indépendance et de rompre avec toute sorte de rigueur tant à la maison vis-à-vis des parents qu’à l’école envers les enseignants », confie Bessala Ondoua, élève dans un lycée de Yaoundé.

Ses camarades reconnaissent, confus, l’influence négative du SMS dans leur pratique d’écriture. « Nos enseignants le relèvent dans nos copies », témoigne Seidou Garba, élève en classe de Terminale dans un collège privé. Ces enseignants, ne sont pas, hélas, tous des modèles dans la pratique du français qu’ils enseignent.

« Il y a des brebis galeuses qui ne font aucun effort de remise en question ou de recyclage personnel», déplore Zenabou Fouapon. Ces mauvais enseignants se contentent de rejeter le tort sur l’élève pour cacher l’absence de vocation ou de conscience professionnelle.