Interpellé par Radio France internationale (RFI) hier mercredi 13 mars 2024 sur la position défendue notamment par Titus Edzoa, Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement assure que le président de la République Paul Biya continue d’exercer pleinement ses missions. Donc, parler de transition ne fait pas sens. L’intégralité de l’interview.
Dix ans après sa libération, le professeur Titus Edzoa plaide pour une transition politique au Cameroun, et se dit prêt à la diriger, quelle est votre réaction ?
Il n’y a aucune raison d’en appeler en ce moment à une transition politique au Cameroun. Les institutions fonctionnent, le président de la République exerce pleinement ses fonctions. La question ne peut pas se poser, elle est absolument inopportune de notre point de vue.
Titus Edzoa précise que certaines personnes du premier cercle du pouvoir l’ont contacté pour qu’il dirige cette future transition, qu’est-ce que vous en pensez ?
Écoutez, personnellement, j’en doute. C’est une déclaration qui n’engage que monsieur Titus Edzoa, et ceux probablement qui disent l’avoir contacté.
Alors, transition ou alternance, monsieur Edzoa n’est pas le seul acteur politique camerounais à demander un changement au sommet de l’État… Est-ce qu’après 41 ans de présidence de Paul Biya, vous pouvez entendre ce besoin de changement ?
C’est le peuple camerounais qui en décide. Et les élections s’annoncent en 2025, on verra bien si les Camerounais souhaitent changer dans un sens ou dans un autre.
Quand monsieur Edzoa affirme que, depuis 2018, rien de ce qui a été promis n’a été fait, comment vous réagissez ?
Il y a là encore l’expression d’une contrevérité. Au plan politique, le président de la République a organisé un grand dialogue national et, ça vous le savez, qui aura abouti à la création d’un statut spécial dans les deux régions du nord-ouest et du sud-ouest. Au plan économique, des grands chantiers ont été engagés, notamment des barrages, des ponts, des routes, pour ne citer que cela. Enfin, au plan socio-culturel, et sportif, comme vous le savez, notre pays a organisé en 2022 une des Coupes d’Afrique des nations les mieux organisées de l’histoire. Prétendre que rien n’a été fait depuis 2018, selon le professeur Titus Edzoa, me semble relever de la mauvaise foi.
Le professeur Edzoa estime qu’en 2025, le peuple camerounais n’attend ni une nouvelle candidature du président Biya, ni une candidature de son fils Franck. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Écoutez, le président de la République s’est prononcé publiquement, et ceci à plusieurs reprises, sur la question de son éventuelle candidature au terme du mandat en cours. Et il a toujours dit qu’au terme de ce mandat, les Camerounais et la Communauté internationale seront informés de la décision qu’il prendra : celle de se représenter, ou celle de se retirer. Le président de la République se déterminera en accord avec les militants de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le RDPC. Quant à son fils, Franck Biya, s’il remplit les conditions de son éligibilité, il prendra sa décision en toute responsabilité.
Est-ce que l’âge du capitaine est un paramètre dans les discussions à venir au sein du parti RDPC ?
Je pense qu’il faut relativiser un peu cette question qui revient tout le temps, l’âge, l’âge, l’âge… L’expérience aussi ça compte, et l’expérience elle vient avec l’âge.
Le professeur Titus Edzoa demande la libération des personnalités politiques actuellement en prison. Il cite notamment d’anciens Secrétaires généraux de la présidence, comme Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara, mais aussi Gilles Roger Belinga et notre confrère Amadou Vamoulké, sans compter bien sûr les 41 membres du parti d’opposition MRC actuellement en prison. Quelle est votre réaction ?
Alors nous n’avons pas coutume de nous ingérer dans les questions qui ont trait à la justice. Et ces compatriotes, vous le savez, ont été traduits devant les tribunaux, ils ont été jugés de façon transparente, dans un cadre accessible au public, pour des délits que nous connaissons, ce sont des délits de droit commun et non des délits d’ordre politique, il n’y a pas de prisonniers politiques au Cameroun, ça il faut le dire, il faut le souligner. Et c’est donc la justice qui décidera de les relaxer ou de continuer de les maintenir en prison. Si jamais une action était envisagée ou souhaitée, je pense notamment peut-être à une grâce éventuelle, présidentielle, à ce moment-là, oui, bien sûr, ceci est conforme aux lois et au règlement.
Le prisonnier Marafa Hamidou Yaya est gravement malade, il a perdu la vision d’un œil. Est-ce qu’un geste peut être envisagé ?
Écoutez, je crois que tout peut être envisagé. Je ne peux pas me substituer à qui de droit pour vous dire si une grâce peut être accordée ou non.