Le document est en circulation depuis plus d’une semaine. Et n’a pas arrêté de susciter moult débats, aussi bien dans les salons feutrés et sous les chaumières, que sur les réseaux sociaux. objet de la controverse ? une rébarbative disposition dans le dossier de « La route des seigneurs de la forêt ». Et que dit-elle ? « Générer une élite fang beti placée sous le contrôle des chefferies de l’Ouest Cameroun et des partenaires internationaux ». Votre journal a pris connaissance de la mouture du document au centre de ladite controverse. De quoi susciter, outre-tombe, les mânes des ancêtres chez les Etenga, les Ewondo, les Bulu, les Fang, les Ntoumou, les Eton, les Manguissa, et autres Mvele, Maka, Nzime, Yebekolo, Yezoum, Kaka, Bobilis, Nvonvon, Bakoum, Mbimo, Ngoumba... Seulement, pour mieux appréhender ce projet « Route des seigneurs de la forêt (Rsf) », il nous a fallu au préalable identifier ses principaux initiateurs nos investigations, il ressort qu’il s’agit de l’architecte sylvain djache nzefa qui en est le coordonnateur. Blaise Etoa, le secrétaire exécutif. Alexy Elemva Eyenga, cheffe du projet. Les autres composantes en sont les chefferies de la région administrative de l’ouest, l’association « Routes des chefferies », l’association « Pays de Loire » basée à nantes en France et l’association Asprobir basée au Cameroun. Celle-ci se présente comme porteuse d’un programme de bibliothèques rurales et dispose d’une antenne européenne basée à nantes en France. Jusque-là, aucun problème.
Au contraire, il est louable que des Camerounais de la diaspora et ceux restés au pays fonctionnent en synergie à travers des regroupements associatifs comme on peut l’observer dans ce descriptif. Le hic apparait quand en filigrane se dégage le projet d’«acheter les chefs fang-beti en leur mettant à disposition un budget d’aménagement de leurs chefferies et en leur garantissant des retombées sur les exploitations touristique, économique, et culturelle ; accéder au patrimoine fang-beti via les chefs et élites impliqués ; exploiter le patrimoine fang-beti, dont les terres, via les chefs et élites impliqués ; référencer et commercialiser tous les objets culturels de l’aire fang-beti. » Ce n’est pas tout. Le projet envisage aussi « d’absorber et exploiter, pour le compte l’aire fang-beti, tous les financements internationaux en lien avec le développement, la culture, l’environnement, l’écologie ; accélérer l’implantation et l’émergence des colons originaires de l’Ouest Cameroun ; mettre en place un développement des cultures de l’Ouest Cameroun sur toute l’aire fang-beti ; implanter et exploiter un showroom baptisé musée, dédié à l’exposition de la culture de l’aire fang-beti et de l’Ouest Cameroun. »
Le projet « Route des seigneurs de a » vise aussi « à faciliter et garantir le débouché des intérêts des partenaires internationaux ; à générer une élite fang beti placée sous le contrôle des chefferies de l’Ouest Cameroun et des partenaires internationaux ; à maitriser un capital électoral en vue d’accéder au contrôle politique de la Nation camerounaise et de l’Afrique centrale, à valider ce projet de colonisation au Cameroun en vue de l’étendre à l’aire fang-beti et des pays de l’Afrique centrale. » TrAHIson Il aurait donc été impensable qu’un tel projet ne fasse pas de vagues au sein de la communauté fang-beti dont les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Pour sa Majesté André Mveng ndi, chef du groupement Mvog-Manga 1 dans l’arrondissement de nkol-afamba : « nous devons réagir énergétiquement, les autres ne doivent pas décider à notre place », fulmine-t-il avec courroux. Et de poursuivre, péremptoire, les yeux teintés de sang : « plus grave, certains de nos collègues sont impliqués sans toutefois nous faire part, les informations à ma disposition donnent un nombre de 30 chefs qui ont participé à la mise sur pieds de ce projet « La route des seigneurs de la forêt », Majesté Blaise Etoa en sait plus.
Nos frères et sœurs fang-beti vivant en Europe et dans d'autres continents accusent la chefferie traditionnelle fang-beti d'avoir trahi tout un peuple, c'est très grave. Nous chefs traditionnels que nous sommes ne devons pas porter la responsabilité de la perte des cultures d'un si grand peuple. Que notre frère Blaise Etoa et sa bande nous disent pourquoi cette trahison, il sera juste également qu'il nous donne le nom de son village afin que nul n'en ignore et qu'on sache que c'est à partir de ce village que les FangBeti ont perdu leur âme. » dans la même foulée, le chef supérieur des Batchenga, Essoa Etoga, est plus catégorique : « Les chefs traditionnels ne se reconnaissent pas en ce Monsieur. Nous nous préparons pour énergiquement répondre à ce Monsieur que les véritables gardiens de la tradition ne connaissent pas. On ne peut pas trahir tout un peuple. Les Ekang sont des no bles.» Au-delà de ces réactions, nous avons cherché à savoir comment et pourquoi un tel projet d’assujettissement peut germer dans les esprits, alors que l’ambassadeur du Cameroun à Paris, André Magnus Ekoumou, est un FangBeti de pure souche ? Pour répondre à cette lancinante question, des indiscrétions glanées à bonnes sources indiquent que le promoteur de cette initiative, sylvain djache nzefa, disponible et patriote, est à la tête d’une association qui, depuis de longues années, a toujours travaillé sous l’égide de l’ambassade du Cameroun à Paris. son association compte d’ailleurs parmi les associations camerounaises les plus actives en France.
Mais à l’occasion des récentes assises de Paris, il a voulu associer les associations fang-beti, davantage en pointe dans les évènements festifs et noceurs. Plusieurs tentatives de recouper toutes ces informations auprès des responsables de l’ambassade du Cameroun en France sont restées vaines jusqu’à la publication du communiqué n°080/Acf/Cab du 1er octobre 2024 relatif à la présence du Cameroun à l’édition 2024 du village de la Francophonie : « A l’occasion du 19ème sommet de la Francophonie et dans le cadre du village de la Francophonie, l’ambassade du Cameroun en France, offre, en partenariat avec le programme la route des chefferies, un bouquet évènementiel de choix. Il s’agit d’une exposition multimédia baptisée « Cameroun : épopée des civilisations », une conférence de présentation du programme route des seigneurs de la forêt et un spectacle de danse mettant en scène le ballet de la diaspora camerounaise.
Ces manifestations ont pour but de partager et faire connaitre la riche diversité culturelle du Cameroun lors du rendez majeur de la diplomatie culturelle francophone. rITEs InITIATIQuEs A travers la conférence sur le programme « la route des seigneurs de la forêt » portée par l’association la route des chefferies, le public pourra découvrir et échanger autour de la culture spécifique de ces peuples du continuum des régions du Centre, du sud et de l’Est, ainsi qu’une partie du Littoral camerounais, qu’ils soient bantous (Fang-Beti Bulu) ou pygmée (…). Ce territoire est riche en histoire et tradition et possède des joyaux culturels, touristiques et un patrimoine varié, marqué par les traditions orales, des rites initiatiques ainsi qu’une créativité foisonnante, notamment à travers les arts dits « premiers ». La mise en avant de ces atouts par la route des seigneurs de la forêt dans des projets à mettre en valeur au Cameroun (…) et la valorisation qui en résultera donne une indication de la portée de la thématique du 19ème sommet de la Francophonie qui est « créer, innover, entreprendre en français » et qui souligne le rôle majeur de la culture dans le développement. » signé André Magnus Ekoumou, ambassadeur du Cameroun en France.