Une liste de contributions financières imposées aux responsables locaux pour préparer la visite du Secrétaire Général du Comité Central du RDPC suscite des interrogations.
YAOUNDÉ - Notre rédaction a pu se procurer un document confidentiel détaillant les contributions financières exigées auprès des différentes personnalités politiques et administratives pour préparer la prochaine visite de travail de Jean Nkuéte, Secrétaire Général du Comité Central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), dans la région du Centre.
Cette pratique, qui n'est pas nouvelle dans le paysage politique camerounais, soulève néanmoins des questions sur le financement des activités politiques au sein du parti au pouvoir.
Un barème précis selon les rangs et fonctions
Selon le document que nous avons pu consulter, une véritable échelle de contributions a été établie, imposant aux responsables locaux des montants variant de 100.000 à 1 million de francs CFA :
Les membres du gouvernement, le premier vice-président de l'Assemblée nationale, le vice-président du Sénat, le président de groupe parlementaire, le président du Conseil régional du Centre, les recteurs des universités d'État, les directeurs généraux de sociétés d'État, les grands opérateurs économiques et le maire de la ville de Yaoundé sont appelés à verser chacun 1 million de francs CFA.
Les maires d'arrondissement, les doyens des facultés universitaires, les secrétaires généraux, les gouverneurs, les conseillers spéciaux de la présidence de la République et de la Primature, ainsi que les députés et sénateurs sont sollicités à hauteur de 500.000 francs CFA.
Les adjoints au maire de ville et membres du Conseil régional du Centre devront contribuer à hauteur de 200.000 francs CFA.
Les adjoints au maire d'arrondissement verseront 100.000 francs CFA.
Le document précise également que d'autres "contributions libres" sont attendues, sans plus de détails sur les personnes concernées par cette catégorie.
Des interrogations sur le financement partisan
Cette pratique de levée de fonds pour les activités d'un parti politique, bien que courante, soulève plusieurs questions. D'abord sur la nature obligatoire de ces contributions présentées comme des exigences, ensuite sur la destination finale de ces sommes qui pourraient représenter plusieurs dizaines de millions de francs CFA.
Un cadre du RDPC, contacté sous couvert d'anonymat, défend cette pratique : "L'organisation d'une tournée de cette envergure nécessite des moyens logistiques importants. Ces contributions permettent de financer l'événement sans puiser dans les caisses de l'État."
À l'inverse, des voix s'élèvent pour dénoncer ce qu'elles considèrent comme un "racket organisé" des élites locales. Un analyste politique yaoundéen estime que "ces contributions forcées créent une pression financière sur les responsables locaux, les incitant parfois à des pratiques douteuses pour réunir les sommes demandées."
La visite de Jean Nkuéte dans la région du Centre, dont la date exacte n'a pas encore été communiquée officiellement, intervient dans un contexte politique particulier. Plusieurs observateurs y voient une opération de remobilisation des troupes du parti au pouvoir dans cette région stratégique qui abrite la capitale politique du pays.
Le RDPC n'a pas répondu à nos sollicitations concernant ce document et les montants qui y figurent. Les autorités régionales n'ont pas non plus souhaité commenter cette information.