L'armée camerounaise traverse actuellement une période de turbulences sans précédent, marquée par des allégations de corruption à grande échelle et un effondrement du moral des troupes, notamment dans les régions anglophones. Ces révélations, provenant de sources diverses, dont le lanceur d'alerte Boris Bertolt et des rapports des services de renseignement, dressent un tableau inquiétant de la situation au sein des forces de défense et de sécurité du pays.
Selon des informations exclusives rapportées par Boris Bertolt, citant des sources au sein des services de renseignement, le moral des troupes de l'armée et des forces de sécurité dans les régions anglophones du Cameroun serait au plus bas. Cette situation alarmante serait principalement due à deux facteurs majeurs : le détournement systématique des primes destinées aux soldats et l'absence de relève sur le terrain.
Le détournement des primes, censées compenser les risques et les difficultés auxquels sont confrontés les militaires dans ces zones de conflit, semble avoir un impact dévastateur sur la motivation et l'engagement des troupes. Cette pratique, si elle est avérée, non seulement prive les soldats de leur dû, mais érode également leur confiance envers la hiérarchie militaire et l'État qu'ils sont censés servir.
L'absence de relève, quant à elle, impose une pression psychologique et physique considérable sur des soldats déjà éprouvés par des années de conflit. Cette situation pourrait compromettre sérieusement l'efficacité opérationnelle des forces de sécurité dans une région déjà instable.
Parallèlement à ces révélations sur le moral des troupes, un scandale de corruption d'envergure secoue les plus hauts rangs de l'armée camerounaise. L'affaire, qui a éclaté il y a quelques mois, implique des officiers supérieurs de la gendarmerie et un cadre bancaire de haut niveau, mettant en lumière un réseau de corruption présumé au cœur même de l'institution militaire.
Au centre de ce scandale se trouve une somme d'environ 30 millions de francs CFA, qui aurait été versée sous forme de pot-de-vin au sein du groupement de gendarmerie du Centre. Selon les informations recueillies, le colonel Otoulou Jean Pierre, commandant de la légion de gendarmerie du Centre, aurait reçu cet argent de Jean Gakam, un banquier influent d'Afriland First Bank.
L'enquête préliminaire a révélé un schéma de distribution de l'argent impliquant plusieurs officiers de haut rang :
- Le colonel Otoulou Jean Pierre aurait reçu initialement 28 millions de francs CFA.
- 6 millions de francs CFA auraient été alloués au capitaine Megouem, en service au groupement de gendarmerie.
- 7 millions de francs CFA auraient été versés au colonel Ekani, alors commandant du Poste de Commandement Opérationnel (PCOPS).
Cependant, l'affaire a pris une nouvelle tournure lorsque le colonel Ekani a décidé de contester fermement les accusations portées contre lui, clamant son innocence et dénonçant ce qu'il considère comme un "règlement de comptes". Sa décision de faire appel auprès du ministre de la Défense a conduit à la réouverture du dossier.
Face à la complexité et à la gravité de l'affaire, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a pris la décision de confier l'enquête à la Sécurité militaire. Cette décision marque une nouvelle étape dans cette affaire qui ébranle l'institution depuis plusieurs mois et témoigne de la volonté des autorités de faire toute la lumière sur ces allégations de corruption.
Ces révélations sur la corruption au sein de l'armée et la démoralisation des troupes dans les zones de conflit soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la capacité des forces armées camerounaises à faire face aux défis sécuritaires actuels, notamment dans les régions anglophones où persiste une insurrection séparatiste.