Actualités of Monday, 21 April 2025
Source: Le Zénith n°539 du 21 avril 2025
Malgré une progression constante des engagements de l’institution financière au Cameroun, les performances liées à l’exécution des projets financés par cette institution demeurent préoccupantes.
C’est le constat dressé par Cheick Fantamady Kanté, directeur des opérations de la Banque pour le Cameroun, à l’ouverture de la Revue conjointe du portefeuille de cette institution, tenue le 14 avril 2025 à Yaoundé.
« Si nous pouvons nous féliciter mutuellement de l’évolution positive de l’engagement de la Banque au Cameroun, notamment en volume et en échelle, il y a cependant lieu de se préoccuper de la performance très moyenne du portefeuille, toute situation qui, si la tendance n’est pas inversée, pourrait compromettre l’atteinte des résultats escomptés par ces projets tout aussi ambitieux », a-t-il déclaré devant un parterre d’acteurs institutionnels et de partenaires techniques.
69 % de fonds non décaissés
En dépit de l’augmentation de l’enveloppe allouée au Cameroun ces dernières années, le rythme de décaissement des financements reste faible. « À date, le volume total des fonds non décaissés représente 69 % du montant des engagements, soit 3,08 milliards de dollars non décaissés sur 4,47 milliards, pour un portefeuille dont l’âge moyen des projets est de quatre ans. En mars 2025, le taux de décaissement annualisé (c’est-à-dire si tout reste constant), ce taux annualisé disais-je, est de 15 %, contre une cible annuelle de 20 %. Cette contreperformance perdure depuis l’année fiscale 2018, au cours de laquelle le taux de décaissement a atteint 17,9 % », a révélé le représentant de la Banque. Cette faible capacité d’absorption des financements disponibles est de nature à compromettre l’impact des projets soutenus par la Banque mondiale, qui visent à soutenir le développement des secteurs clés tels que les infrastructures, la santé, l’éducation ou encore l’agriculture.
Goulots d’étranglement
Les causes de cette situation sont bien identifiées. Selon Cheick Fantamady Kanté, plusieurs facteurs structurels ralentissent la mise en œuvre des projets. Il évoque notamment « la longueur des délais entre l’approbation des projets et leur mise en vigueur, les délais dans la mise en œuvre des Plans d’action de réinstallation (PAR), les délais dans la passation des marchés, etc. » Et de poursuivre : « S’ajoutent à cela des goulots d’étranglement de toute nature ». En clair, au-delà des lenteurs administratives, les retards dans la mobilisation des contreparties nationales, les procédures complexes de passation de marchés ou encore les blocages institutionnels freinent l’exécution effective des projets.
Signes encourageants
Face à cette situation, des efforts de réajustement sont en cours. Le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun entrevoit des pistes d’amélioration, notamment grâce à une meilleure coordination avec les autorités nationales. « Afin d’inverser la tendance, des solutions émergent. Il s’agit notamment de l’alignement des processus de préparation des projets par la Banque mondiale, d’une part, et de leur maturation par le Cameroun, d’autre part », a-t-il expliqué.
Cette nouvelle approche collaborative semble déjà porter ses fruits. « Cet alignement nous a permis, depuis déjà mai 2024, de préparer ensemble et maturer le financement additionnel du Projet de développement du secteur des transports, le PforR Impact, ainsi que tout récemment le projet Sewash et le Projet villes et gestion foncière durables. C’est tout simplement une prouesse », s’est réjoui Cheick Fantamady Kanté.