A l’occasion de la célébration du vendredi Saint, les détenus de Yaoundé ont été à l’école de la morale.
Les chrétiens du monde entier ont célébré vendre 3 avril dernier la mort de leur sauveur sur la croix. Pour cette occasion, ceux de la prison centrale Kondengui à Yaoundé ont organisé plusieurs activités dont une conférence et une messe.
Il est 10h du matin lorsque celui qu’on appelle affectueusement « prof » commence son exposé dans une pièce qui tient lieu de salle de conférence. En ce jour très important pour la communauté chrétienne, Gervais Mendo Ze, l’ancien Directeur général de La Cameroon Radio Television (CRTV) choisit d’entretenir son auditoire sur la notion de la trahison. « La trahison gagne de plus en plus le terrain dans notre société », a-t-il affirmé avec force. « Judas était-il coupable ou pas coupable ? », tel est le thème qui a entretenu l’auditoire au cours de l’échange de vendredi dernier. «Pourquoi ce thème? Le prof s’identifie-t-il à Judas?», murmure l’assemblée.
Les principaux participants de cette conférence sont les détenus et les choristes de la Voix du Cénacle, un groupe créé par l’ancien Dg de la CRTV. « Nous sommes venus passer le vendredi saint aux côtés du professeur», confie le choriste Emmanuel Nkonda. Parmi les prisonniers on note la présence de plusieurs personnalités arrêtées dans le cadre de l’Opération épervier.
Urbain Olanguena Awono, l’ancien ministre de la Santé jouant le rôle de modérateur. Jean-Marie Atangana Mebara, l’ancien secrétaire général à la présidence et Jean-Baptiste Nguini Effa l’ex-directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) étaient assis non loin de la table de conférence.
Dans cet univers carcéral, au cours du débat, joie et intérêt se lisent sur les visages des participants. Certains acquiescent lorsque le principal intervenant avance un argument qui va dans le même sens que leurs idées en les illustrant par des versets bibliques.
«C’est vrai ce qu’il dit. Son raisonnement est pertinent», entend-on. «Cette rencontre avec le «prof» est très intéressante», lâche un prisonnier. D’autres se contentent juste d’applaudir. La problématique autour du rôle qu’a joué le nommé Judas dans la mort de Jésus de Nazareth suscite plusieurs interrogations.
Dans la salle deux camps se forment. L’un pour la culpabilité de ce personnage de l’histoire chrétienne, d’autres contre cette condamnation. «Son sort était déjà scellé. Judas n’y était pour rien. Jésus savait qui devait le trahir. La bible le dit», lancent plusieurs participants. Un point de vue que soutient également Médard Bomotoliga Koalang, l’administrateur principal de ladite prison.
Pour clôturer la cérémonie, Gervais Mendo Ze a demandé à l’assemblée de ne pas copier l’exemple de Judas. «Eviter de comploter contre les autres et éviter de livrer les personnes de son entourage», a-t-il conclu.