Actualités of Friday, 24 June 2022

Source: Mutations du 24-06-2022

Gestion opaque : le SDF et ses leaders mis à nu

Vers l’implosion du parti de John Fru Ndi Vers l’implosion du parti de John Fru Ndi

Des cadres du parti réunis à l’Ouest le 22 juin dernier contestent les récentes décisions du chairman et critiquent la gestion financière du parti de la balance.

Le grabuge persiste dans les rangs du Social Democratic Front (SDF) depuis les dernières décisions du président national, nommant de nouveaux membres à certains postes de responsabilité. D’abord individuelle, la levée de boucliers se fait maintenant par tir groupé. C’est ainsi qu’il faut comprendre la fronde de certains cadres, et pas des moindre, du parti de la balance le 22 juin 2022 à Mbouda (région de l’Ouest).

« Nous (…) avons échangé sur la situation politique actuelle au sein du parti en rapport avec les récentes nominations faites par le président national ainsi que les multiples dérives », peut-on lire dans leur déclaration commune. En effet, Ni John Fru Ndi a dévoilé à la presse la liste des personnes nommées ou cooptées le 16 juin dernier.

Hommes de main

Parmi les signataires figurent des personnalités jadis réputées comme des hommes liges ou hommes de main du chairman à l’instar du sénateur Paul Tchatchouang, 2ème vice-président national. Celui-ci a par ailleurs assumé de hautes fonctions au Parlement en sa qualité d’ancien vice-président de l’Assemblée nation et ex vice-président du Sénat.

Dévoués eux aussi à Ni John Fru Ndi avant ces frictions, le sénateur Jean Tsomelou, ex secrétaire général (Sg) du SDF, ou encore le trésorier national en la personne d’Etienne Sonkin sont susceptibles de provoquer un effet d’entraînement au cas où ils claqueraient la porte.

On peut citer également la 3ème vice-présidente nationale Scholastique Mahop, le conseiller juridique national Me Joseph Lavoisier Tsapy, le président régional SDF Centre Emmanuel Ntonga, celui du Littoral qui n’est autre que le député Jean Michel Nintcheu, celui de l’Ouest Florent Tchangop, celui du Sud-Ouest Nord-Ouest Evaritus Njog, celui de l’Adamaoua le sénateur Aboubakar Siroma, le secrétaire national à la communication Denis Nkemlemo ou encore l’ancien membre du NEC chargé de l’information et des médias en la personne de Jean Robert Wafo.

Ce tohubohu au sein du parti de la balance n’est qu’une partie visible du feu qui couve sous la cendre depuis 2018, après l’élection présidentielle à l’issue de laquelle le candidat du SDF, Joshua Osih, a terminé 4ème. Une déculottée qui lui vaut des inimitiés jusqu’aujourd’hui.

Entorse à la procédure de nomination

Après une litanie de considérants, ils ont pris une série de décisions sur « les violations multiples des textes du parti » pour constater :
« que certaines personnes nommées au sein du NEC ne remplissent pas les conditions de cinq ans d’ancienneté requises et ne sont même pas militants du parti ;

que la non observance du principe des consultations prévues par l’article sus-cité (article 11.2 a, ndlr) est une entorse à la procédure de nomination des membres de cet organe. Ces consultations n’ont jamais été faites, que ce soit dans les comités exécutifs régionaux ou au niveau de la cellule des conseillers ; que depuis 2013 les membres des commissions permanentes n’ont jamais siégé tel que le prévoient les statuts du Parti ;

que l’article 18.5 donne les pouvoirs de cooptation exclusivement au comité exécutif national et non au président national. Et cette cooptation se fait dans le cadre d’une réunion statutaire dûment convoquée et sanctionnée par une résolution du NEC portant clairement les noms des personnes cooptés et non dans une conférence de presse… »

Solidaire de ses camarades, la coordinatrice nationale des femmes socialistes, Chantal Kambiwa, déplore dans les actes du président national « le non-respect de la représentativité des femmes ».

Sur la violation des résolutions du NEC, Jean Tsomelou et Cie constatent que le président national a unilatéralement violé les résolutions du NEC en ce qui concerne la participation du SDF aux élections municipales et législatives de 2020; l’investiture des candidats à ces élections sans passer par la cellule des conseillers ainsi que [le] participation aux différentes fêtes nationales.

Gestion opaque

Les contestataires évoquent par ailleurs la « gestion opaque » des ressources financières du SDF. Sur ce point, «jusqu’à ce jour le 1 er vice-président national (Joshua Osih, Ndlr) n’a pas présenté les rapports des élections municipales et législatives de 2020, de l’élection Présidentielle de 2018 ainsi que le retrait exigé de sa signature sur la pétition adressée au Congrès Américain », s’offusquent-ils.

Fort de ces observations, les « frondeurs » du SDF invitent « le président national de rapporter tous les textes signés le 7 juin 2022 et publiés le 16 juin 2022 devant une conférence de presse et de les présentés devant le NEC tel que prévoit l’article 18.5 ».

Relativement à la gestion opaque des caisses, ils demandent « un audit externe pour apporter des clarifications dans les comptes du parti ». Aussi, la banque est-elle sommée « de ne plus décaisser les fonds du Parti au profit des tiers qui n’ont pas qualité ».

Quant au fonctionnement du parti, la convocation d’un NEC est exgiée « pour fixer la date d’un congrès extraordinaire pour renouveler les membres du comité Exécutif national et la révision, une fois de plus, la politique générale du parti ». Achevant, les signataires menacent « d’entreprendre d’autres actions pour sauver le parti ».