Au cours d’une conférence de presse vendredi à Yaoundé, le ministre de la Communication a dénoncé les pratiques professionnelles de cette chaîne suspendue par le Cnc. C’est un soutien de poids que le gouvernement, par la voix du ministre de la Communication vient d’apporter au Conseil national de la communication (Cnc) dans la guerre qui l’oppose à Afrique média.
Le gendarme des médias au Cameroun a en effet suspendu des organes de presse il y a quelques jours dont Afrique média pour atteinte à la déontologie professionnelle. La fermeture pour un mois de cette chaîne décidée par le Cnc a suscité un tollé, ses responsables ayant décidé de ne pas appliquer la sentence du Conseil.
Vendredi 12 juin dernier, le ministre de la Communication, au cours d’une conférence de presse, s’est exprimé sur le sujet. Issa Tchiroma n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer les pratiques professionnelles de la chaîne panafricaine, qui mettent en péril les rapports entre le Cameroun et des Etats amis.
«Le Cnc n’a jamais violé ses prérogatives, a-til commencé. La responsabilité du gouvernement c’est de faire en sorte que l’instrument de communication ne provoque pas des incidents diplomatiques avec un autre pays. Le gouvernement ne peut pas accepter qu’un organe de presse épingle une autre nation et se mette à déverser des énormités sur ses citoyens ou sur les dirigeants d’une autre nation.
Le gouvernement ne saurait accepter qu’Afrique média se mettent à épingler les dirigeants de la France, des Etats-Unis, etc. Ce n’est pas pour ça que cette télévision a été créée. Dans le cahier de charges d’Afrique média, nulle part il ne lui est donné le droit de s’en prendre à un autre Etat et à ses dirigeants. Nulle part il ne leur est donné le droit de s’attaquer aux individus, à la vie privée des individus. »
Alors qu’une partie de la presse semble soutenir Afrique média, le ministre de la Communication fait une mise en garde : « Je comprends bien que les journalistes, par reflexe corporatiste, aient tendance à soutenir des confrères. Mais sachez que le Cnc est dans son droit. Afrique média n’est pas dans son droit. Afrique média n’a pas le droit de s’attaquer à un Etat, à la vie privée des individus.Ce n’est pas pour cette raison qu’on a donné une licence ou une autorisation provisoire à Afrique média. Ce que je dis est valable pour les autres médias. Vous n’avez pas le droit de vous attaquer à des Etats ou à la vie privée des individus. Et si d’aventure vous le faisiez, eh bien, la foudre du Cnc s’abattra contre vous. »
Cette mise au point du ministre de la Communication arrive au moment où Afrique média est engagé dans un bras de fer contre le Cnc. La chaîne panafricaine n’a jusqu’à présent pas exécuté sa suspension. Les responsables de cette télévision ont introduit un recours gracieux préalable en attendant de saisir le juge administratif, a-t-on appris du Cnc. Ce qui signifie que la rumeur selon laquelle le juge aurait annulé les dernières décisions du Cnc est fausse.
En rappel, la suspension pour un mois d’Afrique média et de deux émissions ainsi que leurs présentateurs pour six mois font suite à des propos tenus dans cette chaîne de télévision et que le Cnc a jugé contraires à la déontologie journalistique.
« Le calme que les Français sont en train de voir n’est que ce qui précède une violente tempête… cette tempête ne sera pas contre nos gouvernants, mais plutôt contre l’ambassade de France à Yaoundé et le consulat de France à Douala. Toutes les dispositions sont déjà prises au niveau de la jeunesse... », a par exemple relevé le Conseil national de la communication lors d’une émission diffusée sur Afrique média.