Un an après le débrayage des enseignants du secondaire au Cameroun, la situation semble aller pour le mieux. «Nous sommes tranquilles. La grève a permis de faire bouger les lignes. Ce mouvement a donné la possibilité aux enseignants de se faire entendre et surtout de se faire comprendre. Les seigneurs de la craie qui avaient des problèmes de salaire ont perçu leur dû. L’Etat n’a pas réglé tous nos problèmes. Il n’a pas accédé à toutes nos demandes, mais il y a eu beaucoup de changements», reconnait Hamidou, enseignant d’Histoire dans la région de l’Adamaoua. Et de poursuivre : «c’est d’ailleurs la raison pour laquelle cette année, nous n’en avons pas fait cas. Les enseignants sont des personnes pacifiques. Nous ne demandons pas beaucoup de choses. Nous réclamons ce qui nous est dû. Dès que nous l’avons, nous rentrons dans nos salles de classe.»
Or, il y a un an, à cette période, de nombreuses salles de classe étaient vides. Confronté depuis le 21 février 2022, à l'équation complexe des enseignants en colère et qui avaient déposé la craie pour le faire savoir, le gouvernement a pu les convaincre de revenir à de meilleurs sentiments. Le ministre des Enseignements secondaires (Minsec), Nalova Lyonga, avait tenu une réunion de concertation avec les représentants des syndicats et collectifs d’enseignants, le 30 mars 2022 dans son cabinet ministériel. Cette rencontre avait pour but de garantir la reprise effective des cours dans tous les établissements scolaires du Cameroun. Après la pause imposée par le mouvement «craie morte», dans le cadre du collectif «On a Trop Supporté». L’autre point majeur abordé lors de cette rencontre avait consisté à évaluer les modalités d’organisation des examens de la session 2022. On se souvient encore que le président de la République Paul Biya, avait ordonné le déblocage de 2,7 milliards de Francs CFA pour le paiement des corrections des examens officiels 2020 et 2021.
DOMAYO Nalova Lyonga et ses collaborateurs avaient également élaboré les stratégies de rattrapage des cours. Les seigneurs de la craie avaient proposé d’ajouter une heure tous les jours de cours, de dispenser les cours le samedi, différer d’une semaine le départ en congés de Pâques, promouvoir l’enseignement à distance. En ce qui concerne le déroulement des prochains examens de fin d’année, le syndicat suggère d’éponger toutes les dettes relatives aux paiements des intervenants aux examens des sessions antérieures et procéder de manière rotative à la convocation des examinateurs. Des propositions qui ont été évaluées séance tenante par les inspecteurs pédagogiques. Dans les lycées de la ville de Yaoundé, les activités pédagogiques avaient repris. Idem dans les établissements des régions septentrionales.
« La reprise est timide et globalement, il faut dire qu’il n’y a presque pas de reprise. À 10h, j’ai vu les élèves du lycée de Domayo rentrer chez eux », indiquait un inspecteur pédagogique en service à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord. Cette « reprise timide » des cours à Maroua donne un aperçu général de la situation. En fait, de l’avis des enseignants qui observent cette grève depuis plusieurs semaines, les trois régions du Grand-Nord et la région de l’Ouest sont celles qui ont le mieux observé le débrayage organisé par OTS.
À Maroua, « tous les lycées étaient paralysés en dehors des collèges privés où les enseignants sont payés à la tâche », renseignait l’inspecteur. Pour rappel, à la fin du mois de mars 2022, les 20 449 enseignants, qui ne touchaient que les 2 tiers de leurs salaires, ont commencé à le percevoir entièrement, indique le ministère des Finances. Selon la même source, les 5289 enseignants, qui ne recevaient pas, jusqu’ici, l’indemnité de non-logement, ont commencé à percevoir cette indemnité.