Actualités of Friday, 13 November 2015

Source: La Nouvelle Expression

Grève des enseignants catholiques : échec des négociations

Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala

L’attente a été longue ! Jeudi le 12 novembre 2015, les enseignants catholiques de l’éducation de base ont de nouveau pris d’assaut le hall de la Cathédrale des Saints Apôtres Pierre et Paul de Douala. Ils y sont allés pour un suivi de leurs plaintes, vu que ce matin-là s’est tenu une réunion tripartite entre Jean Marc Ekoa Mbarga, Sous-préfet de Douala Ier, Mgr Samuel Kleda, Archevêque Métropolitain de Douala et des responsables des syndicats des instituteurs. Durant près de 4h d’horloge, les débats ont eu lieu entre ces parties.

Aucun homme de média n’a eu accès à la salle où se sont tenus les pourparlers. Ce temps d’attente n’a pas découragé les enseignants qui ont attendu devant la grotte mariale. En dépit du soleil incandescent et de la chaleur accablante. Finalement, c’est sur le coup de 13h que la salle de réunion s’est libérée. A en juger par les mines moroses des responsables du personnel gréviste, il ne fallait pas être devin pour se douter que les pourparlers n’ont abouti à rien de concret.

A preuve, les déclarations du sous-préfet de Douala Ier : «nous avons tenu une séance de travail avec l’Archevêque. Maintenant qu’il y a trouble à l’ordre public, l’administration prend ses responsabilités. Je vous propose une séance de travail à mon bureau mercredi prochain (Ndlr : 17 novembre 2015) à 13h, avec vous, avec les syndicats et avec l’employeur qui est l’archevêque».


Ce n’est pas tout. L’autorité a par ailleurs accusé les plaignants de nuire à l’ordre public. «Il vous souvient certainement que depuis que les négociations ont commencé, vous avez travaillé avec l’administration du travail, et vous-mêmes les délégués du personnel avec vos syndicats, maintenant que j’ai constaté qu’il y a trouble à l’ordre public qui ait justifié votre présence ici à la Cathédrale, j’ai donc pensé que l’autorité administrative que je suis, doit s’impliquer, elle-même maintenant dans les négociations », a affirmé Jean Marc Ekoa Mbarga qui renchérit, le ton de plus en plus dur : «lors des échanges, il se trouve un nombre de paramètres que l’Archevêque ne maîtrise même pas.

Il se trouve que vous avez négocié un document à l’administration du travail, vous n’avez pas donné copie à l’autorité administrative que je suis. Je ne sais pas ce qui est dans ce document. Mais, pire encore, l’archevêque dit qu’il n’a pas connaissance de ce document». Des propos qui ont suscité des cris, youyous, exclamations de la foule qui, jusqu’ici, était dans le silence, à l’écoute attentive du Sous-préfet qui réitère : «oui, oui, oui, l’Archevêque dit n’avoir pas reçu copie de votre dossier à l’Inspection du travail. C’est pourquoi j’ai proposé la prochaine rencontre. Venez autant que vous pouvez mais vous connaissez la contenance du bureau du sous-préfet. Nous allons examiner tous les problèmes, mercredi prochain à 13h».

L’autorité rassure : «vous avez un problème de médecine du travail, nous vous le concédons, l’Archevêque vous le concède. Vous avez des problèmes de primes d’anciennetés. Sur ce point, nous devons discuter par rapport au protocole de 1984 qui est quand même vieux de 31 ans. Vous avez un problème de hausse de salaires, celui de viabilisation de vos établissements. Nous allons tout examiner au cours de notre séance de travail de mercredi prochain ». Jean Marc Ekoa Mbarga a terminé en demandant aux près de 800 maîtres des 45 écoles catholiques de l’Archidiocèse de Douala de reprendre le travail en attendant la prochaine rencontre.

Une pilule difficile à avaler

Les avis sont quelque peu mitigés. A L’écoute des déclarations du sous-préfet de Douala Ier, une partie des enseignants refuse de mettre fin à la grève : «nous sommes scandalisés ! Comment l’Archevêque peut-il mentir à ce point ? Dire qu’il n’a pas reçu notre dossier de l’Inspection de travail, c’est faux. Nous lui avons adressé à maintes reprises des correspondances. Nous avons tout fait pour le rencontrer et solliciter de lui un dialogue. En vain. Nous sommes choqués et comptons poursuivre la grève ». Plus loin, une autre frange des plaignants se donnent pour dernier délai la prochaine séance de travail : « nous sommes loin d’être satisfaits.

Toutefois, avec la persistance et l’intervention de l’autorité, nous avons espoir que nous allons résolument avancer prochainement parce que nous reconnaissons que quelque part, il y a eu des légèretés au niveau de la démarche entreprise. Aujourd’hui, on nous dit qu’on n’a pas déposé un dossier à la tutelle. Nous le reconnaissons mais nous disons que nous attendons le mercredi pour voir ce qui va être fait de concret pour améliorer le travail de l’enseignant», argue Luc Nhyomog, président départemental du Syndicat des travailleurs des établissements scolaires privés du Cameroun (Syntespric), présent à la rencontre à huis-clos évoquée plus haut.

Ce dernier a tenu à calmer les ardeurs de ses collègues : « avant mercredi, nous demandons aux enseignants de reprendre le travail maintenant que nous sommes en pleine négociation, de sorte à éviter le désordre. Nous sommes-là pour construire car nous souffrons beaucoup. Les enseignants de l’école en général au Cameroun et de l’école catholique en particulier, ont été laissés au bas de la société avec près de 40 000 Fcfa de salaires pendant 40 ans».
Mgr Samuel Kléda snobe la presse

Au sortir de la réunion tripartite, l’Archevêque Métropolitain de Douala n’a pas daigné s’adresser aux journalistes encore moins aux enseignants grévistes. Approchée, l’autorité lance, la main levée en signe de mépris : «allez prendre les informations à la Radio Veritas». Arborant la robe pastorale de couleur noire, l’Archevêque avait hâte de rejoindre ses bureaux. C’est sans doute pour cela que le Sous-préfet de Douala Ier, a pris sur lui, de jouer le rôle de la tutelle, en s’adressant aux enseignants catholiques et aux médias. L’objectif visé étant celui de baisser la tension très élevée. Ce d’autant plus que ce jeudi, en dehors des maîtres, les parents d’élèves et leurs progénitures se sont joints à la masse des protestataires.

Ils étaient près d’une centaine à exprimer leur fureur à l’esplanade de la Cathédrale au moment où la réunion tripartite se tenait. «L’école catholique coûte très cher. Nous ne pouvons pas débourser des sommes colossales pour l’éducation de nos enfants et apprendre que ces derniers ne reçoivent pas les cours à cause d’une grève de leurs enseignants. Non. C’est impensable et surtout honteux de la part de l’Eglise catholique. La grande Eglise catholique qui ne manque pas pourtant de l’argent dans ses caisses», pestent les géniteurs et génitrices.