La facture est lourde pour l’Etat du Cameroun. Mais, il faudra au final payer pour plus de sérénité dans les collèges et lycées du pays. Parce que même si les enseignants reprennent la craie, ils garderont les yeux sur leur compte bancaire. Cela ne se fera d’ailleurs pas de sitôt. Suivant les informations remontées par les responsables des différents mouvements syndicaux, « le ministère des Finances parle des contraintes budgétaires ».
En esquissant des schémas, sur la base d’un salaire moyen de 125 000 FCFA représentant les deux tiers versés à un enseignant dès sa prise en solde, il faudra pas moins de 2,7 milliards FCFA pour satisfaire les 22 000 enseignants par mois. Ce qui correspond à 33 milliards FCFA au bout de l’année à retrouver dans les caisses de l’Etat, au moment où l’on annonce la mise en oeuvre imminente d’un programme économique sous le Fonds monétaire international.
Avec la rigueur de cette institution, et surtout la détermination du gouvernement du Cameroun à ne pas toucher à sa masse salariale à court terme, il est fort probable que les revendications des enseignants sur qui repose l’avenir de la jeunesse camerounaise soient reléguées au second plan. La formule a d’ailleurs été donnée par le ministre des Enseignements secondaires. Aux sortir des échanges du 28 mars 2017 avec les syndicats, le ministre des Enseignements secondaires a annoncé l’organisation d’un forum sur l’éducation qui intègrera les problèmes de rémunérations des enseignants du secondaire.
Incertitude sur l’intégration des futurs diplômés
Ce n’est qu’une partie de l’iceberg. Parce que le problème de l’intégration directe des diplômés des Ecoles normales du pays a été posé de manière non officielle au cours de l’année 2016. Dans certains couloirs, il se susurrait une stratégie visant à exclure les futurs diplômés des ENS de la masse salariale de l’Etat comme c’est déjà le cas des diplômés des Ecoles normales d’instituteurs pour l’Education de base. Mais, le ministre de l’Enseignement supérieur était monté au créneau pour rassurer sur la capacité du Cameroun à absorber les futurs enseignants.
Sauf que, le ministre des Finances n’était pas rentré dans la solidarité gouvernementale pour rassurer sur la disponibilité des fonds pour la prise en solde automatique dès la fin de la formation. La situation des enseignants en cours d’intégration remet aussi au goût du jour la question du traitement du personnel de l’Etat.
Si les enseignants jouissent d’un statut particulier depuis 2000, il faut dire que contrairement à d’autres fonctionnaires, la prise en solde reste un problème. A l’Ecole nationale d’administration et de magistrature, l’auditeur est boursier durant sa formation et reçoit un salaire dès la fin de formation. Idem pour le personnel de la Sûreté nationale, des forces armées pour ne citer que ceux-là.
L’enseignant, souvent incarnation de l’Etat et du discours savant et officiel dans les terroirs reculés du pays est davantage préoccupé par la recherche de la satisfaction de ses besoins primaires que l’actualisation de son savoir dans un environnement où l’économie du savoir est devenue une source de richesse.