Dans un tweet daté du 5 octobre, le ministre de la Santé publique envoie un avertissement aux membres du personnel de santé incitant à une grève obligatoire. « Il me revient de manière récurrente ces jours-ci que certains personnels de santé inciteraient à la grève au point de menacer ceux qui refuseraient de se joindre à eux.
Tout en louant l’esprit républicain de la majorité des personnels de santé, notamment ceux à statut précaire, qui savent que leurs doléances me tiennent à cœur et font l’objet en ce moment d’un bienveillant examen à la présidence de la République, je voudrais néanmoins mettre en garde, dans le respect du droit de grève reconnu réglementairement, ceux qui incitent à la grève obligatoire et recrutent des mercenaires pour venir grever, qu’ils rencontreront la froideur de la loi » , a-t-il déclaré.
Le ministre a également réaffirmé l’engagement du gouvernement à continuer d’améliorer progressivement l’environnement et les conditions de travail des soignants. « C’est ensemble que nous relèverons les défis que nous impose la conjoncture du moment. Je crois en vous, en votre esprit de discipline et à votre sens élevé de la République » , a-t-il ajouté, appelant tout le corps médical à se battre pour un « système de santé plus robuste et résilient » , conformément aux instructions du président Paul Biya.
Le Syndicat des médecins du Cameroun (Symec) a lancé un appel à la grève dans les hôpitaux publics le 12 juin 2024, marquant une intensification d’un mouvement de protestation entamé en 2022. Mi-avril dernier, les médecins avaient amorcé un mouvement d’humeur, relancé le 15 mai, malgré la décision du ministre de la Santé d’affecter les principaux responsables du Symec dans des zones reculées. En 2023, les grévistes ont exprimé leur mécontentement à travers des grèves répétées, réclamant des réformes urgentes dans un contexte de conditions de travail précaires. Les grévistes revendiquent principalement la régularisation des temporaires, qui, selon les syndicats, constituent environ 60 % des effectifs, soit 27 000 professionnels de santé souvent sans contrat ni salaire fixe. Ils demandent également une revalorisation salariale, l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de 55 à 65 ans, ainsi que la mise en place d’une assurance-maladie universelle.
Malgré plusieurs réunions de conciliation, aucune solution concrète n’a été apportée, bien que des efforts aient été faits pour traiter les dossiers de personnel en attente de salaire au ministère de la Santé publique et pour automatiser les actes de carrière. Dans une correspondance adressée aux personnels de santé le 8 janvier dernier, le ministre Manaouda avait insisté sur les efforts du gouvernement pour améliorer leurs conditions de travail. « Le gouvernement, pour sa part, sous l’encadrement de monsieur le Premier ministre (…) continuera de veiller à ce que vos conditions de travail et vos attentes les plus pertinentes soient prises progressivement en compte, pour résorber les différents déficits que vous soulignez souvent avec justesse et responsabilité » , écrivait-il.