Au Cameroun, l’équilibre régional au sein des hautes institutions de la République est un sujet central et existentiel. Depuis le président Amadou Ahidjo qui, en 1975 a pris un décret pour instituer cette modalité, la tradition est toujours exigée. Ce décret, a été modifié par son successeur, en l’occurrence Paul Biya en 1982. Cette politique, ambitionne, comme le rappelle Jeune Afrique, à corriger les inégalités entre les régions du Cameroun, en intégrant des ressortissants de chaque tribu aux rouages du pouvoir, afin de prévenir de potentielles tensions intercommunautaires. Seulement, comme le rappelle le confrère, cette politique auparavant perçue comme une solution aux inégalités sociales, est constamment galvaudé.
Les récents résultats du concours d’entrée à l’École militaire inter-armées (Emia) ont remis au goût du jour ces disparités chroniques. D’ailleurs, l’on a assisté à une passe d’arme entre Richard Bona et l’armée camerounaise. Pour l’artiste, parmi les 526 admis au sein de l’école, 450 proviendraient de la même région – en l’occurrence du Centre. Cette figure de l’opposition en exil contre le pouvoir de Paul Biya a reçu une réponse sèche de la part de la grande muette.
En effet, le porte-parole de l'armée camerounaise, le colonel Atonfack Nguemo, n'a pas mâché ses mots en répondant aux allégations de l’artiste Richard Bona. Il a apporté un démenti formel par rapport aux chiffres avancés par le musicien, affirmant que le nombre réel d'admis est bien en dessous de 300. Et il n'avait pas tort : d'après nos sources, sur les 8 000 candidats qui se sont présentés, seuls 283 ont décroché leur place. Autant dire que la sélection a été rude !
Quand on a demandé au Ministère de la Défense pourquoi ça avait pris autant de temps, ils ont sorti les violons : vérifications poussées des diplômes, chasse aux fausses identités, inspection minutieuse des actes de naissance... Bref, ils ont joué la carte de la prudence.