Actualités of Wednesday, 6 April 2022

Source: www.camerounweb.com

Grippe aviaire : les abattages en série à l’Ouest envoient des éleveurs à l’hôpital

La douleur était si intense que Romain, hypertendu, a dû être mis sous perfusion La douleur était si intense que Romain, hypertendu, a dû être mis sous perfusion

Eleveur de profession et résidant à Bafoussam, Romain Kaman est sous le choc. La raison, jeudi le 31 mars 2022, toutes les pondeuses de ses différentes fermes, 7000 environ, ont été tuées et incinérées par les agents du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia).

La douleur était si intense que Romain, hypertendu, a dû être mis sous perfusion ce vendredi le 1er avril. Comme lui, Francis Sadjie, un autre éleveur, est sans voix. La même soirée, ses pondeuses, 2500 au total, ont été également détruites. Jean-Marie fait partie lui aussi des victimes. Ce dernier a perdu au même moment 1000 sujets de sa ferme.

Tout a commencé en début de semaine dernière selon des témoignages recueillis sur place, avec la mort de plusieurs pondeuses appartenant à Timothée, un fermier. Las de les enterrer par centaines, il s’est vu obligé de faire recours aux agents du Minepia. « Il avait environ 35000 sujets et donc il a fallu plusieurs jours pour les détruire », informe sa voisine, qui a vécu la scène.

Les agents du Minepia, habillés en blanc de la tête aux pieds, en salopette et cagoule, pénètrent les lieux et tuent les poules par étranglement, avant de les mettre dans des sacs en plastique, qui sont ensuite acheminés dans des fosses, pour incinération. « C’est méchant ça ! Voilà environ 10000 sujets qu’on brûle sans preuve qu’ils sont malades », s’indigne un des voisins qui sont sortis en masse pour assister au triste spectacle.

Au milieu de la foule qui se surchauffe de colère, un agent, visiblement l’un des responsables, tente de ramener le calme. Selon ses dires, il faut nécessairement détruire tous les sujets des fermes qui sont situées dans le périmètre de la ferme qui a été déclarée foyer de grippe aviaire, afin d’éviter la propagation.

« Les victimes n’ont pas à s’inquiéter. Ils seront subventionnés par l’Etat », déclare-t-il. Des propos qui ont mis en colère une des victimes qui n’a pas hésité de crier au scandale. « En 2006 et en 2016, vous avez tenu le même discours, lorsque vous avez détruit ma ferme, sous le prétexte que c’était un foyer de grippe aviaire. Mais jamais, nous les victimes, n’avions eu de subvention. Et vous avez le culot de me le dire pour la troisième fois ! », s’est-il écrié.

Selon une des victimes, le président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) leur a promis que, dans trois mois, ils auront réparation.