Infos Business of Wednesday, 7 September 2016

Source: cameroon-info.net

Grippe aviaire: on n’est pas loin d’une nouvelle crise - Bernard Njonga

L’activiste camerounais qui vient d’être condamné à deux mois d’emprisonnement avec sursis se dit étonné par la lourdeur de la main du juge.

Dans une interview exclusive accordée à Cameroon-Info.Net, ce leader de la société civile déclare qu’il ne fera pas appel suite à la décision du juge et regrette par ailleurs le fait que les aviculteurs soient lâchés par l’administration.

Comment avez-vous appris votre condamnation ?

De la bouche de mon avocate. Elle était restée au tribunal pour attendre la fin des audiences. Nous étions dans la salle le matin. Après nous avoir reconnu coupables et entendu nos avocats et le Procureur, le président a déclaré que la communication des peines se fera en fin d’audience, c’est-à-dire tard dans la soirée. Nous avons pris un break, laissant nos avocats en salle. Mon avocat m’a appelé vers 17 heures pour m’annoncer la peine.

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris votre condamnation de 2 mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal de première instance de Yaoundé ?

Étonné par la lourdeur de la main du juge et pas surpris. Car, souvenez-vous, ce n’est pas la première fois que j’écope d’une telle condamnation. Déjà en 2008, pour avoir manifesté pour dénoncer la corruption au sein des projets du ministère de l’Agriculture, j’avais eu la même peine. À savoir deux mois d’emprisonnement avec sursis pendant trois ans.

Allez-vous faire appel ?

NON. Je ne fais pas appel.

La décision du tribunal met-elle une fin à votre combat concernant la crise que traverse la filiaile avicole au Cameroun ?

Je vous reprends ici textuellement ce que j’ai dit devant le tribunal: «Je suis ingénieur agronome et j’ai été formé pour accompagner les producteurs. Partout au Cameroun où ceux-ci seront en situation, quel que soit le lieu où le moment. Je le ferais par devoir, par citoyenneté et par solidarité. Cela ne se négocie pas». Les situations d’interpellation, d’incarcération en cellule, de condamnation comme celles-ci sont inscrites dans l’ADN de notre métier.

On n’a pas encore vu le bout du tunnel de la crise qui traverse la filière avicole. J’ai même peur que le pire soit à venir. Pour dire que la probabilité que les aviculteurs durcissent leurs actions de contestation est grande. Et vous pouvez compter sur moi pour être à leurs côtés, quelles que soient les conséquences.


L’interprofession avicole demande 2 millions des poussins pour relancer les activités de la filiale au Cameroun. Est-ce réellement suffisant vu le manque à gagner enregistré ces derniers mois dans ce secteur ?



Deux millions de poussins, ce n’est pas l’essentiel pour relancer la filière. De mon point de vue le plus important se trouve dans la confiance qu’il faut faire gagner des aviculteurs. Non seulement ils ont été ruinés, mais ils ont le moral tellement bas des suites de la gestion catastrophique de cette crise. Ils ont le sentiment, que je partage, d’avoir été lâchés par l’administration et particulièrement le MINEPIA. Vous devez bien me comprendre. Aujourd’hui, les investissements au sein de la filière sont estimés à près de 200 milliards de francs. Les opérateurs ont su trouver les finances auprès des institutions financières. Pour vous dire combien la confiance en eux et en l’avenir est capitale pour la relance.


La ménagère a-t-elle la certitude d’avoir le poulet dans sa marmite pendant les fêtes de fin d’année?


La probabilité que tel ne soit pas le cas est grande. Je dirais très grande. On n’est pas encore sortie de la crise et j’ai bien peur, au regard du comportement des uns et autres qu’on n’est pas loin d’une nouvelle crise dans la crise. Que voulez-vous quand les mesures de biosécurité, d’hygiène et de salubrité sur les marchés, dans les fermes, dans les transports, dans les transformations ne sont respectées par personne, et personne ne dit mot ?
Je l’ai déjà dit en d’autres occasions, le MINEPIA a échoué dans la gestion de cette crise et il devrait être comptable des conséquences de pénurie qu’encourent les consommateurs.

«SURTOUT ET SURTOUT, NE NOUS PARLEZ PAS D’IMPORTATION DE DÉCOUPES DE POULETS CONGELÉS, LE MOMENT DE PÉNURIE VENU».