La journaliste camerounaise Mimi Mefo a réagi avec véhémence à une publication du ministre délégué à la Justice, Jean De Dieu Momo, dans laquelle celui-ci l'a mentionnée dans un message axé sur l'unité nationale et la cohésion sociale. Interrogeant son rôle et son efficacité au sein du gouvernement, Mimi Mefo n'a pas manqué de rappeler au ministre ses anciennes positions critiques vis-à-vis du régime qu'il sert aujourd'hui.
« Avant que vous ne rejoigniez le régime de Yaoundé, je vous ai interviewé à plusieurs reprises. Vous étiez alors l'un des plus féroces critiques de Paul Biya, votre leader de 91 ans, bien plus que l'opposition camerounaise réunie », a-t-elle rappelé dans sa réaction, témoignant de son incompréhension face au revirement politique de l'homme d'État.
Dans sa publication, Jean De Dieu Momo avait abordé des considérations philosophiques sur les relations interethniques au Cameroun, critiquant l'évolution des interactions tribales dans le pays. « Autrefois, il était impoli de s’adresser à autrui sans prendre en compte la diversité et la complexité des identités. Aujourd’hui, c’est devenu une vulgarité courante dans les échanges intercommunautaires », a-t-il écrit. Sans expliquer les raisons pour lesquelles il mentionnait la journaliste et son média, le ministre a semé le trouble dans l’esprit de Mimi Mefo, qui a cherché à comprendre les motivations derrière ce geste.
« Quel est exactement le message que vous souhaitez faire passer ? Et pourquoi m’avez-vous mentionnée dans cette publication ? Vous parlez d’unité à une journaliste, alors que ce discours devrait être adressé aux dirigeants et aux parties prenantes du gouvernement que vous représentez », a-t-elle rétorqué. Elle a rappelé que, dans le cadre de son travail journalistique, elle avait sollicité plusieurs membres du gouvernement pour des interviews sur ces questions, mais que tous avaient décliné ses invitations.
La journaliste a profité de cette occasion pour questionner le ministre sur son bilan en tant que ministre délégué à la Justice, notamment en ce qui concerne des affaires sensibles qui ont secoué le Cameroun. « Où est la justice pour Martinez Zogo, Samuel Wazizi, ou encore votre propre client, Mancho Bibixy ? Où en est le système judiciaire pénal au Cameroun, alors que tant d’arrestations et de détentions arbitraires continuent d’avoir lieu ? » a-t-elle demandé.
La disparition et la mort de Samuel Wazizi, un journaliste en détention, ainsi que l’assassinat de Martinez Zogo, sont des affaires qui ont ébranlé la confiance dans le système judiciaire camerounais. Mimi Mefo, tout comme d’autres observateurs, attend des réponses concrètes de la part du gouvernement, et en particulier de Jean De Dieu Momo, qui occupe une position dans l’appareil judiciaire du pays.