Quartier Ekounou dans le 5ème arrondissement de la ville de Yaoundé ce 30 juin 2023. Lieu-dit «Deux chevaux». En cet après-midi, un dépotoir se dresse en plein carrefour, occupant une partie de la chaussée. Les véhicules tentent d’esquiver en contournant ; mais parfois, sont obligés de grimper sur les ordures.
La vie poursuit son cours dans ce quartier réputé pour ses coins de réjouissance. Ekounou ne vit pas seul cette situation. Les caniveaux et les tuyaux d’aérations sont quasiment étouffés par l’excès de déchets entassés ce qui conduit immédiatement à une inondation d’ordures qui n’hésitent pas à se déverser sur la voie publique.
A Ngousso, lieu-dit Carrefour Hôtel le paradis, à Odja, à Mvog-Ada, «descente Caveau», un peu partout dans la ville capitale du Cameroun, des tas d’immondices jonchent les rues. Le «carrefour Caca», continue de porter son nom. Près de deux semaines après, l’insalubrité demeure toujours un sujet d’actualité. Les carrefours, les marchés, les trottoirs et même les devantures de certains domiciles sont presque obstruées.
Dans ces conditions précaires, se déroulent des activités commerciales. Une bonne partie des habitants de Yaoundé cohabite quotidiennement avec les ordures. «Nous sommes étouffés par les odeurs qui proviennent de ces poubelles, c’est presque invivable. Les ordures rejoignent même déjà la route ; à ce rythme, nous allons vivre dans une gigantesque décharge», s’inquiète Hermine Effa, habitante du quartier Ekounou.
Dans un contexte marqué par la résurgence du choléra, une maladie du péril fécal, qui a sévi quelques semaines sur la capitale. «Nous nous exposons tout le temps aux maladies dont la principale cause est le manque d’hygiène. Ce n’est pas un cas à négliger, il faut que l’autorité communale et l’entreprise responsable de la salubrité fassent leur travail, sinon nous risquons lourdes conséquences», interpelle Pascal Belibi, habitant du quartier Odza.
L’INCIVISME DE LA POPULATION
Malgré les efforts déployés par la municipalité à travers ses multiples services, les habitants de la capitale ne semblent pas coopérer. «La population ne rend pas aussi la tâche facile aux agents de la commune. Environ 60% des tas d’immondices qui envahissent les rues sont causés par leur incivisme. Les bacs à ordures sont vides mais certains trouvent normal de jeter les ordures à même le sol. Dans les marchés, les commerçants ne nettoient pas après avoir libéré en fin de journée leurs espaces commerciaux», dénonce Njoya, doctorant en sociologie à l’université de Yaoundé 1. «Nous devons prêcher par le bon exemple» exhorte-t-il.
De lourdes sanctions sont pourtant prévues à cet effet pour tout contrevenant. La Communauté urbaine a pris connaissance de la gravité du mal-être et a réagi. L’année dernière, l’autorité municipale avait remis 70.000 sacs poubelles aux associations des chefs traditionnels des sept arrondissements du département du Mfoundi, engagé elles aussi dans le combat en faveur de la lutte contre l’insalubrité dans la ville. Ce dans le cadre d’une campagne de sensibilisation des populations. Puis le maire de la ville, Luc Messi Atangana, a fait appel à la société Tychlof, un nouveau prestataire, pour pallier les insuffisances d’Hysacam, l’entreprise traditionnellement commise à cette mission. Mais plusieurs mois après, rien ne semble changer. Le 12 Juillet dernier, le premier magistrat de la capitale a tenu une séance de travail avec plusieurs acteurs étatiques, notamment les ministères en charge de la décentralisation, de l’urbanisme et de l’habitat, ainsi que les maires d’arrondissements de Yaoundé 2, Yaoundé 3, Yaoundé 5 et Yaoundé 7, et des autorités traditionnelles des sept arrondissements de la ville, sur «la responsabilité des citoyens et la gestion des ordures dans la ville de Yaoundé»