Actualités of Thursday, 1 March 2018

Source: Le Détective

Guerre Ambazonie: ballets diplomatiques à la Présidence de la République

Les diplomates français et anglais ont fait des tours à Etoudi. Les diplomates français et anglais ont fait des tours à Etoudi.

Le président Paul Biya s’est entretenu le 23 février dernier avec l’ambassadeur de France au Cameroun, Gilles Alice Epoupa Thibault, et plus tard avec M. Manuel Domingos Augusto, ministre angolais des Affaires étrangères, envoyé spécial du président de la République d’Angola, S.E. Joao Manuel Gonçalves Lourenço. Au menu des échanges, la coopération et les sujets d’intérêts communs. Sans oublier les questions sécuritaires avec la guerre de Boko Haram et les attaques des sécessionnistes.

Un peu plus de deux heures et quinze minutes. C’est le temps qu’aura duré vendredi soir dernier au Palais de l’Unité, l’entretien accordé par le président de la République, Paul Biya, à S.E. Gilles Thibault, ambassadeur de France au Cameroun. Difficile donc d’imaginer qu’il s’agissait d’une simple rencontre d’échanges de civilités entre le chef de l’Etat et son hôte en ce début d’année, et dont la dernière entrevue, en tête-à-tête en ces lieux, remonte au 6 décembre dernier. «J’ai ce plaisir de pouvoir échanger longuement avec le président. On a abordé de nombreux thèmes», a indiqué d’emblée le diplomate français qui a d’ailleurs tenu à dévoiler les points abordés : «Nous avons échangé sur la situation respective de nos deux pays et sur des sujets d’intérêt commun» qui, pour S.E. Gilles Thibault, touchent des domaines aussi variés que la coopération, le développement.

Des sujets d’intérêt commun au menu

«En décembre dernier, nous avons célébré les dix ans du C2D. Il y a beaucoup de sujets particuliers de ce domaine, des déclinaisons dans la santé, l’éducation, les infrastructures». En bonne place dans le volet des infrastructures, l’ambassadeur de France au Cameroun a indiqué que les échanges avec le président de la République ont porté sur le Port en eau profonde de Kribi, le 2e pont sur le Wouri et les accès de la ville de Douala. Des projets dans lesquels son pays apporte son appui au Cameroun. Le diplomate français n’a pas manqué d’évoquer le combat commun que mènent le Cameroun et la France contre le terrorisme. «Il a longuement été question à nouveau de la situation dans les régions de l’Extrême-Nord et ses conséquences pour le Nord et l’Adamaoua», et même de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Sur ce dernier volet, si le sujet a été évoqué par le président de la République, Gilles Thibault a tout de même relevé la réserve qui devrait caractériser le diplomate qu’il est, cela relevant d’abord d’une affaire interne à un Etat : «Un ambassadeur est un observateur du pays dans lequel il sert. Après, il y a des domaines de souveraineté nationale sur lesquels il est difficile pour lui de s’exprimer», même s’il n’a pas manqué de souligner que le rejet de la violence et le dialogue restent les seules voies qui peuvent permettre de résoudre des crises. A propos de la crise anglophone, le diplomate français a fortement déconseillé l’exacerbation de la violence entre les parties.

Au sortir de l’entrevue de plus de deux heures avec le chef de l’Etat, l’ambassadeur de France au Cameroun a déclaré qu’elle a également porté sur l’année 2018, qualifiée d’année électorale au Cameroun, dans un contexte marqué par l’avènement du Conseil Constitutionnel. La situation internationale n’aura pas été en reste au cours de ce long échange, car, «il y a des points de préoccupation forte pour nous tous», a-t-il souligné, rappelant pour cela que, alors qu’il répondait aux vœux du corps diplomatique le 4 janvier dernier, le président Paul Biya avait déjà fait un large tour d’horizon de cette situation qui ne cesse de se dégrader.

Sécurité sous régionale

Le sujet était au centre de l’audience accordée vendredi dernier par le chef de l’Etat au ministre angolais des Relations extérieures, Manuel Domingos Augusto. Porteur d’un message du président Joao Manuel Gonçalves Lourenço à son homologue camerounais Paul Biya, le ministre des Relations extérieures angolais, qui a été reçu vendredi après-midi au palais de l’Unité par le chef de l’Etat n’a pas fait mystère du contenu de celui-ci : «Nos deux pays sont membres de la CEEAC, (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale, Ndlr). L’Afrique centrale est une région qui connaît malheureusement des situations qui ne sont pas bonnes, notamment des conflits comme c’est le cas en RDC et en RCA». Face à cette situation regrettable, il est donc normal que les leaders des principaux pays de la sous-région se concertent régulièrement en vue de trouver des solutions à ces différentes crises qui tendent à freiner le développement des pays et qui ont un impact négatif sur la sécurité des autres Etats, selon lui.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’émissaire angolais a rappelé à la presse qu’il «y aura un sommet du COPAX (Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique Centrale, Ndlr) qui va se tenir dans les prochains jours à Libreville, la capitale gabonaise. Il est donc normal qu’il y ait cette concertation avant le sommet», a indiqué le ministre angolais des Relations extérieures. Manuel Domingos Augusto, s’est dit satisfait d’avoir «eu le privilège d’entendre le point de vue du président Paul Biya sur la situation sécuritaire de la sous-région». Une position qui, a-t-il indiqué, va être portée à l’attention du président Joao Lourenço. Sur le plan des échanges bilatéraux, l’hôte du chef de l’Etat a indiqué que le président angolais, élu à la tête de son pays en août 2017, et qui a officiellement pris les commandes de l’Angola un mois plus tard, souhaite une intensification des échanges entre les deux pays.

«Nous espérons que nos relations bilatérales vont se renforcer dans un délai très court», a-t-il notamment souligné. Surtout que Yaoundé et Luanda sont favorables au renforcement de la coopération bilatérale.