Actualités of Wednesday, 9 March 2022

Source: www.bbc.com

Guerre Russie - Ukraine : j’ai envoyé mon fils en Ukraine ‘pour une meilleure éducation’

Guerre Russie - Ukraine : j’ai envoyé mon fils en Ukraine ‘pour une meilleure éducation’ Guerre Russie - Ukraine : j’ai envoyé mon fils en Ukraine ‘pour une meilleure éducation’

La mère d'un étudiant nigérian en médecine a déclaré à la BBC qu'elle était soulagée que son fils soit enfin hors de danger.

Son fils, Aliyu Suleiman, 18 ans, était coincé pendant plusieurs jours avec de nombreux autres ressortissants étrangers dans la ville de Soumy, au nord-est de l'Ukraine.

Le gouvernement nigérian a déclaré que l'évacuation de ses citoyens de la ville de Soumy était en bonne voie.

Ceci après que de nombreux étudiants et leurs parents ont pris la parole sur les réseaux sociaux pendant plusieurs jours pour demander de l'aide.

Hauwa Aliyu s'est entretenue avec Nomsa Maseko, correspondante de la BBC pour l'Afrique de l'Ouest, depuis son domicile à Lagos.

Envoyé en Ukraine pour une meilleure éducation

"La raison pour laquelle nous l'avons envoyé en Ukraine c’est que c'était son rêve depuis le collège. Il m'a toujours dit "je ne veux pas aller à l'école ici". Il disait qu'il voulait être ''médecin ".

Son fils était en Ukraine depuis octobre 2021, trois mois avant le début du conflit.

Il est étudiant en médecine à l'université d'État de Soumy, en Ukraine.

Au milieu d'une zone de guerre

"Quand la guerre a commencé et que je l'ai appelé, il nous a dit qu'il y avait une guerre. Je n'ai pas pu faire face. J'ai dû quitter le bureau ce jour-là. Nous lui avons immédiatement envoyé de l'argent car il disait qu'il allait au supermarché pour s'approvisionner. Et j'ai continué à communiquer avec lui ".

Des étudiants ont raconté qu’il n'y avait pas de nourriture sur le marché, que les distributeurs de billets de banque ne fonctionnaient pas et que certains devaient boire de la neige fondue après avoir manqué d'eau.

Aliyu Suleiman, 18 ans, est resté en contact avec ses parents tout au long de l'invasion.

"Je ne pouvais plus dormir. Je ne pouvais plus manger"

"Est-ce que cela va se terminer bientôt ? Comment est la situation là-bas ?

'‘Maman, on entend des bombes tous les jours’'.

Il n'y avait pas de bombardements sur les quartiers résidentiels à Soumy mais ils pouvaient entendre des détonations de loin.

Dès qu'il y avait une alarme, ils allaient dans le bunker.

''Je continuais à prier. Chaque jour, je priais, je pleurais. Je ne pouvais pas manger. Je ne pouvais même pas me tenir debout. Je lui parlais tous les jours. J'ai parlé à ses amis tous les jours. Il y a eu un jour où ils ont refusé de nous parler. Ce jour-là, j'ai vu qu'il y avait eu des bombardements à Soumy. Alors je ne pouvais plus dormir. Je ne pouvais plus manger. Je pleurais tout le temps. Je n'étais pas moi-même.''



Un corridor international

"Hier soir, j'ai vu aux infos qu'il y aurait des corridors internationaux pour Soumy et Marioupol... Il a dit qu'il était au courant grâce à un groupe WhatsApp et Telegram qui a lâché la nouvelle là-bas. Donc il valait mieux qu'ils attendent et voient comment ça se passe.

Ce matin, quand j'ai vu la nouvelle qu'ils bombardaient Soumy, je n'étais pas moi-même. Il n'a pas répondu à mes appels, je n'ai pas réussi à le joindre, donc j'étais vraiment faible à nouveau.

Vers 9 heures, j'ai pu joindre son ami. Il m’a dit que tout allait bien".

Les gouvernements nigérian et ghanéen ont rapatrié leurs ressortissants qui fuient le conflit en Ukraine. Les premiers groupes sont arrivés chez eux la semaine dernière.

"J'ai été soulagée parce que c'était le rêve de mon fils et je veux vraiment qu'il le réalise.

Je prie pour qu'elle (la guerre) se termine bientôt et que tout rentre dans l'ordre pour qu'il puisse rentrer et terminer ses études".

Environ 5 000 personnes ont été évacuées de la ville de Soumy, après que la Russie a accepté de suspendre ses bombardements.

Des centaines d'étudiants africains faisaient partie des personnes évacuées de cette ville.

L'inquiétude demeure non seulement pour les milliers d'Africains qui se trouvaient en Ukraine lorsque l'invasion a commencé, dont beaucoup d'étudiants, mais aussi pour l'impact économique que la guerre aura sur le continent.

Timmy, étudiant nigérian à l'université d'État de Soumy, a réussi à s'échapper de la ville et se dirige vers la Hongrie.

"C'était très effrayant de se réveiller tous les matins avec des explosions de bombes. Et quand nous dormions, je me réveillais littéralement pour entendre des explosions de bombes et nous sautions [du lit]. C'est tellement effrayant. Nous voulions juste quitter tout ce scénario et retourner dans notre pays", a-t-il déclaré à la BBC.

"Nous avons vu beaucoup de bâtiments, je pense qu'un des hôpitaux... Il a été bombardé, je pense que c'était la semaine dernière. Il a été détruit et beaucoup d'autres bâtiments, des bases militaires ont également été détruits à Soumy", a-t-il ajouté.

Les autorités ukrainiennes ont déclaré que 22 personnes avaient été tuées dans la nuit lors d'une attaque aérienne russe sur Soumy.

Par ailleurs, le président sénégalais Macky Sall s'est entretenu avec le président russe Vladimir Poutine le mercredi 9 mars et a appelé à un "cessez-le-feu durable".

"Je me réjouis de mon entretien de ce matin avec le Président Poutine en ma qualité de Président de l'Union Africaine pour solliciter un cessez-le-feu durable en Ukraine. Je salue son écoute et sa disponibilité à maintenir le dialogue pour une issue négociée du conflit", dit Sall dans un tweet.



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Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a également appelé au dialogue pour résoudre le conflit, et a même proposé une médiation le mois dernier.

Lors de l'Assemblée générale de l'ONU la semaine dernière, seuls 28 pays africains ont voté pour condamner l'invasion russe. Le Sénégal figurait parmi les 17 pays africains qui se sont abstenus.

La résolution a tout de même été adoptée avec une marge massive de 141 voix en faveur sur les 193 États membres.