Actualités of Tuesday, 9 November 2021

Source: Aurore Plus

Guerre de clans: Dion Ngute en plein vaudou gouvernemental

Dion Ngute, le premier-ministre camerounais Dion Ngute, le premier-ministre camerounais

Le Premier ministre a, lundi, organisé un Conseil de cabinet extraordinaire dont la thématique et la pertinence interrogent.

Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a lundi réuni un Conseil de cabinet extraordinaire. Il s’est agi, apprend-on, de se concerter sur l’avant-projet de Loi de finances 2022 que le Parlement, dont la session y consacrée s’ouvre jeudi, devra étudier et voter au terme d’un mois de travaux. L’on apprend ainsi que les lignes directrices du projet de budget ont fait l’objet d’une présentation par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze.

Si l’objet de la concertation peut se comprendre, c’est par contre le timing du séminaire qui demeure flou. Une circulaire présidentielle, publiée en fin août et relative aux orientations générales de la politique budgétaire, ainsi que les dispositions pratiques pour l’élaboration du budget de l’État au titre de l’exercice 2022, est suffisamment explicite.

Elle met un accent particulier sur la finalisation et la mise en service des grands projets de première génération, le renforcement de la cohésion sociale et du processus de décentralisation, l’implémentation de la politique d’import/substitution, la reconstruction des régions affectées par les crises, en particulier celles du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, la poursuite de la mise en œuvre de la Couverture santé universelle (CSU), la poursuite et le renforcement de la lutte contre les menaces dans la perspective de relever de façon durable les défis sécuritaires.

Le document précise que les programmes budgétaires auxquels seront assignés les objectifs de développement économique et social, assortis d’indicateurs de résultats, devront découler des stratégies sectorielles adossées sur la stratégie nationale de développement (SND30). Il indique par ailleurs que le budget 2022 est élaboré sur la base d’un taux de croissance du PIB réel de 4,4%, un déflateur du produit intérieur brut (PIB) de 1,9%, un déficit budgétaire global, dons compris, de 2,0% du PIB et un déficit du compte courant, transferts publics inclus, de 3,5% du PIB.

Sg/Pr super patron
Depuis lors, chaque chef de département s’est employé à élaborer son document budgétaire en fonction du contexte et des enjeux. De même, l’on imagine que le chef du gouvernement a mis la dernière main sur son discours de programme économique, financier, social et culturel de la nation, qui sera présenté aux parlementaires dans quelques jours.

Dans un système diligent, c’est au lendemain de la sortie de ces directives qu’un séminaire gouvernemental aurait dû se tenir. Il aurait eu d’autant plus de pertinence que le Cameroun est engagé dans un programme de reformes structurelles intégrées dans le cadre du Programme économique et financier (PEF) conclu avec le Fonds monétaire international (FMI).

Si le but du Conseil de cabinet extraordinaire était d’entretenir les ministres sur l’élaboration de leurs prises de parole à venir à l’Assemblée et au Sénat, l’explication paraît un peu courte. S’il s’est agi de les sensibiliser sur les enjeux de l’heure, la ’ chose semble également tirée par les cheveux.

A moins que M. Dion Ngute, à la tête d’une équipe ballottée par d’atroces luttes de dans dans une atmosphère de fin de règne, ait voulu reprendre la main pour montrer que c’est lui le capitaine. Même là, le PM est bien obligé de composer avec un environnement glauque et fébrile, dans lequel sa voix semble mise sous le boisseau par plus influent(s).

On l’a vécu ces deux dernières années, avec les fameuses «très hautes instructions» du chef de l’État à des membres du gouvernement. Sans prendre de gants, le secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr), Ferdinand Ngoh Ngoh, s’est improvisé en super-patron du pays, passant directement des ordres à des ministres et autres dirigeants de sociétés, relevant du portefeuille de l’Etat, attribuant des marchés publics de l’ordre de milliards de francs.