En donnant injonction le 30 mai dernier, aux délégués régionaux à la sureté nationale, de contrôler tous les véhicules, même ceux de l’administration et de l’armée, le délégué général à la sureté nationale, met en lumière les soupçons du locataire d’Etoudi.
Même s’il ne le dit pas ouvertement, le message radio porté adressé par Martin Mbarga Nguelle, à ses collaborateurs de régions, le 30 mai dernier, met à nu les craintes du Président Paul Biya, quant aux possibles infiltrations d’hommes ou de matériels militaires au Cameroun. Prenant pour prétexte le « contexte sécuritaire actuel », le délégué général à la sureté nationale (Dgsn) met en péril tous les avantages et immunités dont bénéficient les véhicules administratifs et militaires, lors de leur passage aux « checkpoints », ou aux contrôles routiers classiques.
Autant de prérogatives qui leur permettaient de développer des activités parallèles, pas toujours en phase avec les règlementations en vigueur. On se souvient encore du feuilleton Basile Atangana Kouna, qui, sous le coup d’une interdiction de sortir du Cameroun, a réussi à s’enfuir vers le Nigéria. Débarqué de la tête du ministère de l’Eau et de l’Energie, lors du réaménagement gouvernemental du 2 mars dernier, il avait compris que son avenir s’annonçait désormais à Kodengui.
Ancien agent de la Direction générale à la recherche extérieure (Dgre), il aurait, selon certaines indiscrétions, usé de ses relations au sein des services secrets camerounais, pour traverser la frontière terrestre qui sépare le Cameroun au Nigéria. Même s’il s’était « déguisé en jeune femme », comme le laissent entendre certains, il est évident qu’il n’aurait jamais réussi une telle opération sans le laissez-passer dont bénéficient les hommes en tenues aux points de contrôles routiers.
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La même correspondance adressée aux délégués régionaux à la sureté nationale, met en évidence le « souci d’éviter des pénétrations opportunistes de personnes et matériels dangereux au Cameroun ». Une crainte légitime, qui remet au goût du jour les soupçons de collisions entre certains éléments des forces de défense avec Boko Haram d’une part, et les milices qui sévissent dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest d’autre part.
Des soupçons autour de possibles ravitaillement de ces groupes par certaines « grosses têtes » de la République. Chose qui deviendrait difficile si les injonctions du Dgsn de « vérifier systématiquement les dossiers de toutes les voitures (même celles de l’administration et de l’armée, Ndlr), et d’identifier de manière efficiente leurs occupants », sont respectées à la lettre, et sans exception aucune.
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A la lecture de ce document, rédigé « sur très hautes instructions du chef de l’Etat », on est également en droit de penser que le régime Biya donne raison à ceux qui ont toujours dénoncé des ingérences étrangères, aussi bien dans la guerre contre Boko Haram, que celle actuelle contre les sécessionnistes. Et, la sortie récente de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Peter henry Barlerin, n’a pas rassuré les défenseurs de cette thèse. Pire, le diplomate a utilisé les arguments habituels des occidentaux, quand ils veulent envahir un pays : « crimes contre l’humanité, violations des droits de l’homme, longévité au pouvoir ». De quoi faire réfléchir le locataire d’Etoudi.