Dans un dossier exclusif, Jeune Afrique braque les projecteurs sur les conflits enracinés qui minent l'Université de Yaoundé 1. Depuis l'année 2021, cette institution d'enseignement supérieur est prise dans une tourmente orchestrée par des professeurs en opposition au puissant recteur de l'université, Maurice Aurélien Sosso. Cependant, au-delà de l'apparence, ce conflit pourrait bien revêtir une dimension plus politique qu'il n'y paraît.

Dans un échange ayant eu lieu via Meta (ex-Facebook), et rapporté par Jeune Afrique des paroles menaçantes ont été adressées au recteur de l'Université de Yaoundé 1, Maurice Aurélien Sosso. Le message signé par Damaris Mandob, enseignante de biochimie âgée de 44 ans, a résonné comme une déclaration de guerre. Cette menace intervient suite à l'annonce de la radiation de trois enseignants, dont Gaston Ndock Ndock et Fridolin Nke, diffusée sur les ondes de la radio nationale (CRTV). Ces radiations font suite à leur boycott d'un conseil de discipline organisé du 2 au 4 août.


Cette série de radiations découle d'un affrontement , noye Jeune Afrique qui trouve ses origines en 2021. À cette époque, le recteur avait constaté des fuites massives de documents administratifs au sein de l'université. Suite à une enquête, il avait attribué ces fuites à Gaston Ndock Ndock, son ancien attaché de cabinet. Ce dernier fut ainsi suspendu au début de l'année 2022. Maurice Aurélien Sosso explique : "Les documents confidentiels des universitaires ne doivent pas se retrouver dans l'espace public. J'ai décidé d'y mettre fin."


La discorde se propagea rapidement. Contestant sa suspension, Gaston Ndock Ndock aurait sollicité l'aide de Fridolin Nke pour défendre sa cause. Ce dernier est reconnu pour son activisme en ligne, utilisant les réseaux sociaux, les forums universitaires et les médias pour dénoncer ce qu'il considère comme des abus de pouvoir de Maurice Aurélien Sosso. Ce dernier raconte : "Au lieu de se défendre lors des conseils et dans les espaces universitaires, Fridolin Nke se répand sur les réseaux sociaux."


Selon Jeune Afrique, Fridolin Nke reproche au recteur de ne pas prendre en compte les revendications, de mépriser les textes régissant l'enseignement supérieur en outrepassant ses compétences, notamment en suspendant des enseignants sans l'approbation du ministère et de la présidence. Maurice Aurélien Sosso répond que la suspension n'est pas uniquement une décision du recteur, mais une décision qui doit impliquer l'ensemble des acteurs de l'enseignement supérieur composant le conseil.


L'affaire, qui avait débuté comme un conflit entre universitaires, s'est transformée en une véritable bataille judiciaire. Le 17 juillet, Maurice Aurélien Sosso a porté plainte contre Fridolin Nke devant le tribunal de première instance de Yaoundé. La raison invoquée ? Diffamation, notamment à travers un article intitulé "La psychanalyse du chien. L'os, le chien, Aurélien Sosso", dans lequel l'auteur accuse le recteur de brader les biens de l'État et de détruire des aspirations.