Le récent feuilleton entre le président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), Samuel Eto'o, et les membres du gouvernement camerounais a été riche en rebondissements et a tenu en haleine l'opinion publique. Pour Magloire Zame, chercheur en sciences sociales, ces événements constituent un laboratoire grandeur nature permettant de modéliser la vie politique camerounaise. Plusieurs constats s'en sont dégagés.

Tout d'abord, la notoriété acquise dans le sport ou la culture est convertible en politique, même si cela reste très difficile. L'exemple de l'ancien footballeur George Weah, devenu président du Liberia, en est une illustration.

Ensuite, le football s'inscrit comme un objet majeur de mobilisation sociale au Cameroun. Les récents événements ont montré que le football était capable de mobiliser les Camerounais plus que la vie chère inflationnée dans laquelle ils baignent sans électricité, eau, routes...

Troisièmement, le soutien politique ne tient pas compte du niveau intellectuel du leader. Ce qui semblait être jusque-là comme un préalable.

Quatrièmement, des hommes en tenue seraient capables de quitter le drapeau pour suivre un leader politique.

Enfin, le système des fusibles politiques pour qu'une crise sociale atteigne le chef de l'exécutif est devenu très court, fragile et poreux.

Ces constats sont autant d'éléments qui permettent de mieux comprendre la vie politique camerounaise et ses enjeux. Ils montrent également que le football, au-delà de sa dimension sportive, est un vecteur de mobilisation sociale et politique au Cameroun. Les prochains mois et les prochaines échéances électorales permettront de voir si ces constats se vérifient dans la durée.