C’est la question la plus importante, qui devrait être posée à l’heure actuelle au Cameroun. Les hôpitaux publics sont devenus de véritables mouroirs, pour plusieurs raisons. Au nombre de celles-ci, le détournement des malades occupe une place de choix.
Les chiffres et les témoignages parlent d’eux-mêmes. Selon une étude du Centre pour le développement des bonnes pratiques en santé (Cdbph), au Cameroun, les usagers des services d’accueil des urgences (Sau) notamment dans les hôpitaux régionaux et nationaux (1°, 2° et 3° catégories) autant que les soignants se plaignent de la faible accessibilité et de la mauvaise qualité des soins qui y sont dispensés.
Une enquête dans les Sau de Yaoundé a montré un taux de satisfaction de 51,5% en 2011. Les usagers et les soignants identifient entre autres facteurs sous-jacents : les insuffisances et la démotivation du personnel hospitalier affecté dans les Sau, une organisation approximative des procédures de travail responsable d’un surmenage du personnel et, la faible valeur accordée à la qualité des soins traduisant les insuffisances dans la formation du personnel.
Ceci implique l’allongement des délais de prise en charge et des durées d’hospitalisation (plus de 24h pour 65% des usagers), une augmentation des coûts directs médicaux (109 237 Fcfa en moyenne à Yaoundé), de nombreuses complications et séquelles ainsi qu’une forte mortalité. Mais, le problème principal reste le mauvais accueil des usagers dans les différents services des hôpitaux publics de manière générale, et en particulier, dans les Services d’accueil des urgences de ces mêmes hôpitaux.
Les feuilles de route 2011 et 2012 du ministère de la Santé publique prescrivent d’engager des actions visant à humaniser l’accueil des patients et améliorer leur prise en charge précoce adéquate. Cette amélioration requiert à la fois d’accroître leur accessibilité géographique, financière et socioculturelle ainsi que leur qualité.
Si les patients parvenant dans les hôpitaux publics ont vaincu l’obstacle de la distance, la barrière financière et les défis de l’interaction avec l’équipe soignante demeure. Il est donc question ici d’interroger l’aspect humain de l’accès et de la qualité des soins dans les hôpitaux publics, ce qui peut être à l’origine du détournement des malades qui, dans ces cas, deviennent heureusement une solution de repli pour les patients. Mais quid des indigents et ceux qui ne peuvent pas se permettre le luxe des cliniques privées ?