Enfant, Haman Blousse rêvait d’être médecin. Mais la vie en a décidé autrement. Mais l’aide-soignant âgé de 44 ans ne s’est pas totalement écarté du milieu médical. Celui qui officie aujourd’hui comme morguier du centre du district de santé intégré de Meiganga est en même temps une curiosité, et un paria. Chaque fois que Haman Blousse passe à Meiganga, il est fusillé de regards inquisiteurs des passants.
«Les gens se disent que je suis devenu sorcier. Ce qui est faux. Je suis resté le même, malgré le fait que j’ai plus ou moins changé de métier», explique ce natif de Guider qui a été moulé, de 2007 à 2008, à l’école des aides-soignants de Garoua. Sa formation a duré un an. Son diplôme en poche, Blousse obtient un emploi comme enseignant dans un institut de formation en santé communautaire, sis à Ngong, localité située à 40 kilomètres de Garoua.
A Ngong, Blousse passe cinq mois. Le cinquième coïncidant avec la période des vacances scolaires, il se rend à Meiganga pour «passer du temps avec son frère aîné». Et au même moment, la fonction publique lance le recrutement des 25 000 emplois. Flatté par ce concours, le frère de Blousse lui conseille de postuler, convaincu de sa réussite. Ce qu’il fera, persuadé de son recrutement.
Mais Blousse va vite déchanter, quand à la publication des résultats, il lit son nom en blanc. Affecté à l’hôpital de Ngouambela à Tibati, Blousse passera cinq mois au service des patients de cette localité, avant de rejoindre Meiganga. Une fois dans le Mbéré, cet ancien surveillant de culture de la Sodecoton (1995-2000) va postuler pour un emploi particulier : celui de morguier.
Retenu par la mairie de Meiganga qui avait lancé l’avis de recrutement, Blousse va immédiatement se mettre au travail. Aidesoignant de formation, il se sert des conseils de ses formateurs et de son expérience dans le milieu médical, pour travailler à la morgue. Mais pour se perfectionner, cet ancien tailleur souhaite suivre une véritable formation de morguier.