Alors qu’une procédure pour harcèlement sexuel est pendante devant le tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif contre le président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun, ce dernier vient de saisir à son tour le tribunal contre son ex-collaboratrice qu’il accuse de diffamation. Deux journalistes également poursuivis pour la même accusation.
Le 12 mars 2024, le tribunal de première instance de Yaoundé-Centre administratif s’est déclaré incompétent pour examiner l’assignation de référé d’heure à heure formulée par dame Nkouete Messah épouse Tsemo Judith Espérance, l’ex chef de service de la traduction et de l’interprétation à la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC). Cette procédure introduite par l’ex collaboratrice du président de la CDHC avait pour but d’obtenir la discontinuité des poursuites disciplinaires engagées contre elle par la CDHC.
Lesdites poursuites disciplinaires ont abouti le 28 février dernier au licenciement pour fautes lourdes de l’ex chef de service traduction et de l’interprétation. Cette décision a été prise au terme d’un Conseil de discipline. Dans un communiqué de presse parvenu à notre rédaction, les avocats de la dame dénoncent une campagne de désinformation, laquelle laisse croire que le tribunal a débouté leur cliente suite à sa plainte déposée devant le tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif, avant son licenciement. Elle accuse le Pr. James Mouangue Kobila de harcèlement sexuel, outrage privé à la pudeur, menaces sous conditions et chantage.
Selon les avocats de la dame, la décision rendue le 12 mars 2024 ne concerne nullement la procédure pénale dans laquelle Le Pr. James Mouangue Kobila comparait toujours. Ils affirment que la prochaine audience dans cette procédure est prévue le 7 mai prochain. « Le licenciement de dame Nkouete étant intervenu bien avant la décision du juge d’urgence et du provisoire, la demande de notre cliente manquait désormais d’objet. Que le juge de référé n’étant pas le juge du social, il était de bon ton qu’il se déclare incompétent. Informons l’opinion nationale et internationale que la décision rendue le 12 mars 2024 par le président du Tpi Centre administratif de Yaoundé statuant en matière de référé d’heure à heure, concerne uniquement cette procédure et référé et n’empêche aucunement sur la procédure pénale par laquelle Sieur Mouangue Kobila doit répondre des chefs d’accusation de harcèlement sexuel, d’outrage privé à la pudeur… La prochaine audience y afférente est prévue le 7 mai 2024 », peut-on lire dans un communiqué signé par Me Hiéhiés Jonas, Me Ella Ella Jean Philippe et Me Séraphine Nadège Abega, les avocats de l’ex chef de service traduction et d’interprétation à la CDHC.
La contre-attaque de James Mouangue Le 2 avril 2024, Dame Nkouete comparaitra cette fois ci, comme accusée devant le tribunal de première instance de Yaoundé- Centre administratif. Une citation directe pour diffamation en la personne du président de la CDHC a été servie le 15 mars 2024 à cette jeune dame. La citation directe mentionne au moins « 16 allégations » retenues contre James Mouangue Kobila dans l’interview diffusée le 16 janvier 2024 à Naja Tv. Parmi ces propos jugés diffamatoires, il ressort dans la citation directe que Dame Nkouete a tenu les propos à l’encontre de son ex-patron dont elle ne peut apporter la véracité. Il s’agit entre autres : « a été plusieurs fois retenue contre lui de forcer, a essayé de l’embrasser à plusieurs reprises, lui donnaient les travaux volumineux avec les délais incroyables, lui a fait du chantage pour qu’elle choisisse entre avoir la honte de perdre ce poste de choisir de sacrifier sa famille, lui disait qu’il avait besoin ne serait-ce que de 5%, 10% de l’affection qu’elle pouvait donner à son mari … ».
La même procédure judiciaire a été ouverte contre Brand Kamga, journaliste à la chaîne de Télévision Naja Tv et Wesleg Nanse, Pdg de cette chaîne de télévision qui comparaitront également le 2 avril 2024 pour diffamation. Les avocats du président de la CDHC parlent des allégations mensongères montées de toute pièce qui portent sérieusement atteinte à l’honneur et à la considération de leur client et exigent que les journalistes poursuivis apportent les preuves. C’est depuis janvier 2024 que la CDHC, une institution gouvernementale chargée de la promotion et de la protection des droits de l’homme, est au centre des révélations. Il s’agit entre autres, des accusations de harcèlement sexuel attribuées au Pr. James Mouangue Kobila par son chef de Service Traduction et de l’Interprétation, par ailleurs directeur de Cabinet de cette institution au moment des faits.
Certaines associations de défense des droits de l’homme comme Nouveaux droits de l’Homme du Cameroun (NDH) et Mandela Center International (MCI), exigent l’ouverture d’une enquête indépendante, compte tenu de la gravité des accusations portées à l’encontre d’un responsable chargé de protéger et promouvoir les droits de l’homme. Les informations recoupées à la Cellule de Communication de la CDHC font état des accusations fantaisistes et grotesques d’une employée absente qui avait abandonné son service depuis décembre 2023.
Une source à la Cellule de Communication de la CDHC ajoute : « ayant été informée qu’une procédure disciplinaire était ouverte, Dame Nkouete a entrepris de faire de la diversion en insinuant une affaire de harcèlement sexuel comme pour justifier ses manquements professionnels ». Convoquée au Conseil de discipline pour répondre des accusations liées aux manquements professionnels portées à en son encontre, dame Nkouete ne s’est pas présentée. Le 28 février 2024 elle a été finalement licenciée au terme de la tenue d’un Conseil de discipline. Sauf que les avocats de l’employée licenciée expliquent que ce Conseil de discipline contre leur cliente était à tête chercheuse, raison pour laquelle ils avaient saisi le juge de référé d’heure à heure pour la suspendre le temps que la procédure pénale ouverte contre le Pr. James Mouangue Kobila s’achève. La bataille judiciaire ainsi déclenchée avec les deux autres citations directes contre l’excadre de la CDHC licenciée permettront d’établir les responsabilités dans cette affaire