À trois jours du match crucial entre le Cameroun et le Cap-Vert, prévu le 8 juin pour la qualification à la prochaine Coupe du monde, la tension reste palpable entre le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, et le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto'o. Cette situation inquiète de nombreux Camerounais qui se demandent dans quelles conditions joueront les Lions indomptables samedi à Yaoundé. Beaucoup estiment que seul le président Paul Biya peut résoudre cette crise.
Le professeur Thomas Atenga, enseignant en communication à l'université de Douala, a livré son analyse à Christophe Boisbouvier de RFI. Selon lui, bien que Paul Biya ait demandé à son ministre des Sports de surveiller de près la gestion de la fédération après la contre-performance des Lions à la CAN en Côte d'Ivoire en janvier dernier, il n'a pas explicitement demandé d'imposer un nouveau sélectionneur à Samuel Eto'o.
Atenga souligne que le ministre des Sports semble profiter de cette occasion pour régler des comptes personnels et politiques, en cherchant à restreindre les pouvoirs de Samuel Eto'o. Cette bataille entre les deux hommes, qui ne se pardonnent rien, alimente une tension qui dure depuis plus de deux mois.
Dans ce contexte, beaucoup de Camerounais perçoivent ce conflit comme un épisode de la lutte de clans au sommet de l'État, surtout avec les élections de 2025 qui approchent. Atenga note que Samuel Eto'o bénéficierait du soutien du cabinet civil et possiblement de la Première dame, tandis que le ministre des Sports serait appuyé par le secrétaire général de la présidence.
Ce conflit est perçu comme une manifestation des rivalités internes au sein du pouvoir camerounais, exacerbées par la fin imminente du règne de Paul Biya. La popularité de Samuel Eto'o et les spéculations sur une éventuelle candidature présidentielle ajoutent une dimension politique à cette crise. Eto'o lui-même a évoqué dans une interview à France 24 que les difficultés qu'il rencontre à la Fecafoot sont en partie dues aux intentions politiques qu'on lui prête.
Les prochaines heures seront cruciales pour l'avenir des Lions indomptables et pour la résolution de cette crise qui secoue le football camerounais. L'intervention du président Paul Biya pourrait être déterminante pour apaiser les tensions et permettre à l'équipe de se concentrer sur son objectif de qualification pour la Coupe du monde.