Actualités of Wednesday, 18 May 2022

Source: www.camerounweb.com

Henriette Ekwe victime d’un grave accident de circulation, la réaction de Paul Biya

Elle a épousé le vivre-ensemble depuis des temps immémoriaux Elle a épousé le vivre-ensemble depuis des temps immémoriaux


• Henriette Ekwe Ebongo est une femme très appréciée au Cameroun

• Elle est très courageuse et prône le vivre-ensemble

• Edouard Kingue sait beaucoup d’elle

Henriette Ekwe Ebongo est une Camerounaise née en 1949. Elle est une journaliste, éditrice et militante politique. La femme de média a reçu le Prix international Femme de courage en 2010. Elle est l'un des fondateurs de la branche camerounaise de l'Organisation non gouvernementale (ONG) anti-corruption Transparency International. Sa bravoure, son sens de l’hospitalité et sa personnalité dépassent l’entendement. Le journaliste et éditorialiste Edouard Kingue la décrit dans ces lignes ci-dessous.

Qu’elle a épousé le vivre ensemble depuis des temps immémoriaux avant que Paul Biya n’en fasse un slogan creux comme des dizaines d’autres à son actif ? En cette époque où celui-ci est en sortie de piste sans nous avoir légué ni la paix ni la démocratie ni le vivre ensemble, ou il s’éternise au pouvoir parce qu’il n’a jamais su quoi en faire, Henriette Ekwe Ebongo apparait au détour d’une conversation, comme le produit achevé du modèle que les ancêtres Bulu, kapsiki, Maka, Mbo, Foreke, banyangui, Ewodi, Banen auraient voulu nous voir perpétuer : vivre ensemble ; traverser les couloirs sans cloisons du Cameroun, d’Ambam à Mbouda, de Ngoketunja à Tombel, de Kolofata a Babimbi III, de Kaikikelaki à Kekem sans entraves…

Si Henriette Ekwe Ebongo tire cette ouverture d’esprit et cette tolérance de son sang sawa que charrie les fleuves et les rivières, les ruisseaux des montages et des plaines côtières, c’est sans doute parce qu’elle a été nourrie du mbeatoe, cette la crevette symbole de l’appellation de notre Nation.

Scientifiquement 'lepidophtalmus turneranus', la crevette à l’origine de la désignation de notre nation Cameroun, fait partir du patrimoine culturel sawa et du patrimoine culturel subaquatique du Cameroun. Des raisons qui motiveraient sans doute à envisager des politiques de préservation de cette espèce.

En effet face aux nombreux projets de développement du port de Bonaberi, des récents chantiers se rapportant à la création de quelques cimenteries autour du fleuve Wouri et aussi par anticipation des projets à venir, cette espèce serait vraiment en danger.

Un danger mémoriel qui, au-delà de l’équilibre de la biodiversité, conduirait à sa disparition et à la perte d’un symbole culturel et historique et un artefact touristique qui marque la naissance de notre pays.

Henriette Ekwe Ebongo donc, est une ‘terre’ aux jonctions des symboles : son père est né dans le Dja et Lobo, a fait ses études à Foulassi avec d’autres patriarches aujourd’hui disparus comme Ekwalla Essaka, Massuke Daniel, Um Nyobe etc. Née en 1949 à Ambam après Ebolowa d’un père, Ebongo Anatole qui lui-même est un symbole, patriarche du Ntem, membre de l’Efoula meyong, qui était à l’époque l’équivalent du Ngondo en pays Sawa.

Le cordon ombilical d’Henriette Ekwe Ebongo demeure coincé en terre d’Ambam, sous les divinités locales Ntumu, bulu, bakoko, batanga, ngumba, mabea, mvaé, ewondo etc. Elle a parlé la langue véhiculaire Bulu avant sa langue maternelle.

C’étaient des peuples hospitaliers, intelligents, qui aimaient rire de tout et de rien. Qui gardaient toujours une marmite de kpem, une calebasse de vin de palme et un matelas en bambou pour le voyageur fatigué et l’une des femmes de la concession pour le repos du guerrier…

Malgré le retour de la famille Ebongo à Douala en juin 56, les relations avec les cousins du Sud n’ont jamais changé. Beaucoup ont suivi la famille Ebongo à Douala pour suivre des études ou chercher du travail… Du reste le fils d’un chef bulu d’Ambam s’appelle Ebongo Anatole.

Quand Henriette a été victime d’un grave accident de circulation, le président Paul Biya avait mis le premier ministre Yang Philémon en alerte pour suivre son cas et éventuellement envisager une évacuation sanitaire…

Et l’unité nationale alors ?

« Le Cameroun n’a jamais eu de question d’unité nationale, tranche Henriette. Seulement quand Ahidjo arrive au pouvoir, il prend comme prétexte qu’il y a un problème d’unité pour écraser les nationalistes et l’UPC ». Et le vivre-ensemble alors ? « A cause de l’histoire récente, le clan pouvoiriste a saccagé le vivre ensemble ».

D’ailleurs avec un peu d’audace et d’humilité, on pourrait faire sauter l’étoile du drapeau pour la remplacer par une image de mbeatoe, ce camaroe d’où naquit le Cameroun. Beaucoup d’autres nations ont des emblèmes qui symbolisent le mieux leur vivre ensemble…

Le "mbeatoe" comme emblème national à la place de l’étoile de toutes les querelles ?