Le voyage du président François Hollande au Cameroun est "un tournant important" pour l'avocate franco-camerounaise Lydienne Yen-Eyoum, détenue depuis 2010 à Yaoundé et dont le président français devrait évoquer la situation avec son homologue camerounais, ont affirmé mercredi ses avocats en France.
M. Hollande, qui s'envole mercredi soir pour une tournée africaine éclair au Bénin, en Angola et au Cameroun, devrait plaider auprès de Paul Biya la cause de cette femme, dont la condamnation à 25 ans de prison a été récemment confirmée par la Cour suprême du Cameroun.
"C'est la première fois qu'un tel engagement est pris au plus haut niveau de l'exécutif dans cette douloureuse affaire, et la défense de Lydienne Yen-Eyoum ne peut que s'en féliciter", indiquent dans un communiqué ses avocats français, Caroline Wassermann et Christian Charrière-Bournazel.
Née en 1959, ancienne avocate de l'État camerounais, Lydienne Yen-Eyoum avait été arrêtée le 8 janvier 2010 dans le cadre d'une opération anticorruption et accusée de détournement de fonds publics, à hauteur d'environ 1 milliard de francs CFA (1,5 million d'euros).
Elle avait mené en 2004 une opération de recouvrement d'anciennes créances auprès de la SGBC, filiale de la banque française Société générale, en contentieux avec l’État camerounais. La justice camerounaise lui a reproché d'avoir gardé une partie des fonds recouvrés, ce que l'avocate a toujours contesté.
Selon les avocats, la visite de François Hollande au Cameroun vendredi après-midi est "d'autant plus" importante que le juge, chargé du dossier en France, ne peut pas avancer dans son enquête, "du fait du refus des autorités camerounaises de donner suite à sa commission rogatoire internationale".
Les avocats avaient obtenu l'ouverture d'une information judiciaire à Paris sur sa détention, qualifiée d'"arbitraire" en avril, par le groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU.
Lancée en 2006 sous la pression des bailleurs de fonds, l'opération anticorruption "Épervier" a déjà abouti à l'arrestation de nombreuses personnalités, dont des ex-ministres et dirigeants d'entreprises publiques. Les personnes accusées ont souvent affirmé être victimes de règlements de comptes politiques à travers cette opération.
Au Cameroun, la visite de M. Hollande sera centrée sur les questions sécuritaires alors que ce pays joue un rôle clé dans la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram.