Infos Sports of Friday, 5 November 2021

Source: www.camerounweb.com

Homosexualité dans le football: les vérités de Njoya Ajara sur ses relations avec Gaëlle Enganamouit

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• Gaëlle Enganamouit a démissionné de poste de Team Manager de l'équipe séniore des Lionnes Indomptables

• Njoya Ajara revient sur ses relations avec Gaëlle Enganamouit

• Extraits de cette interview


Le sujet de l'homosexualité dans le monde du football féminin en général et au Cameroun en particulier refait surface avec la démission de Gaëlle Enganamouit de poste de Team Manager de l'équipe séniore des Lionnes Indomptables.

Bien que les raisons évoquées par cette dernière pour justifier sa démission n'aient rien à avoir avec l'homosexualité, l'opinion publique a vite fait un lien entre cette décision et la publication d'une vidéo à caractère pornographique qui a fait le tour de la toile. Attribuée à Enganamouit Gaëlle, la vidéo aurait été publiée par cette dernière pour se venger de sa "fiancée" qui aurait décidé de mettre un terme à leur relation "amoureuse".

Cette épineuse question de l'homosexualité chez les joueuses de football avait été abordée par l'actuelle capitaine des Lionnes Njoya Ajara lors d'une interview accordée au site internet cfootmag.com.

Dans cette interview, la capitaine des Lionnes indomptables s'est aussi livrée sur ses relations avec Gaëlle Enganamouit.

La rédaction de CamerounWeb vous propose de redécouvrir quelques extraits de cette interview

Parler-nous de vos débuts de footballeuse et des difficultés rencontrées au sein de la famille en tant que jeune fille musulmane.

J’ai commencé à jouer au football dans mon village à Foumban (région de l’Ouest-Cameroun, Ndlr). Chaque fois pendant la période des vacances je participais à des championnats dénommés « inter-quartier ». En 2006, j’ai disputé la coupe top avec les garçons parce qu’à cette période, je ne savais pas qu’il existait un football féminin. Au terme de cette compétition, j’ai été retenue pour le centre de formation des Brasseries à Bafoussam. Seulement, la famille s’est opposée à cette idée parce que j’étais mineure et je ne pouvais pas aller vivre au milieu des garçons puisque à cette période il n’y avait pas une section féminine aux Brasseries. C’est ici que la famille a commencé à m’interdire la pratique du football. Mon papa avait donné des ultimatums à ma mère qu’elle ne me laisse pas jouer au football pour le bien de leur couple.

Tout le monde disait qu’une femme musulmane ne doit pas jouer au football, puisque la religion passe avant tout. Il te faut absolument des gens qui t’encourage pour t’en sortir. Heureusement que certains oncles qui ont cru en moi ont pu convaincre mes parents de me laisser vivre mon rêve.

En 2007, j’étais en vacance chez ma grand-mère à Douala, lors d’un championnat de vacance, j’ai été détecté par un certain M. Eloundou, président du club Frantz Rolisec, avec qui je me suis engagée. En 2008, j’ai été détecté par Enow Ngachou, à l’époque sélectionneur national de toutes les catégories féminine du Cameroun. En 2010, j’ai signé mon premier contrat professionnel en Russie où j’ai passé trois saisons au Fc Eningia. Et en 2014, je suis allée aux Etats-Unis pour deux saisons. En 2016, j’ai mis le cap en Suède pour deux saisons également avant de signer en Norvège où je suis actuellement au FcValerenga.

Quel est ton avis sur la polémique autour de certaines joueuses zambiennes accusées d’être des hommes ?

Sincèrement je ne sais pas si c’est des hommes oudes femmes. Je me rappelle qu’en 2018, la capitaine zambienne n’a pas joué la Coupe d’Afrique des nations (Can) féminine parce que la Confédération africaine de football (Caf) avait demandé qu’elle fasse des examens pour se rassurer qu’elle est bien une femme. A présent des gens disent qu’elle a plus d’hormones homme que femme. Mais bon, aujourd’hui cette fille joue en Europe, je ne sais pas si dans son club elle a également passé des examens ou pas. De toutes les façons, attendons le dénouement de cette affaire.

Comment fais-tu pour associer ta vie professionnelle et celle familiale ?

Je n’avais que 18 ans lorsque je suis allée professionnelle et tout ce qui m’intéressais à ce moment c’était de jouer au football. Toutefois après chaque rencontre j’essaye d’appeler la famille pour la rassurer que tout ce passe bien. Aujourd’hui j’encourage les familles à laisser leurs filles pratiquer ce beau métier. De croire en elles. Aujourd’hui, je gagne ma vie en jouant au football. Avec du travail et de la détermination, toute jeune-fille peut y arriver.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que le phénomène de « lesbiennes » est plus développé dans le monde du football féminin ?

Vous savez, dans le monde du football on pense toujours que les footballeuses sont des garçons manqués, mais je vous rappelle qu’il y a des footballeuses qui ont juste la morphologie masculine, pourtant à la maison si on te dit qu’elle joue au football tu ne vas pas croire. Je pense réellement que les gens doivent arrêter de croire que les footballeuses sont des « lesbiennes », parce que dans tous les domaines on trouve le phénomène d’homosexualité. Mais les gens se retournent sur le football féminin parce que la morphologie des filles donne cette impression. Une footballeuse n’est pas forcement homosexuelle.

Pour ce qui me concerne, je ne suis pas encore mariée. Je compte me marier et faire des enfants après ma carrière parce que j’ai encore certains objectifs à atteindre.

Parler-nous de vos relations avec Gaëlle Enganamouit

J’entretiens de bonnes relations avec Gaëlle Enganamouit. C’est ma génération, nous sommes entrées à l’équipe nationale en 2008. Avec les autres filles, aujourd’hui nous formons un bon groupe, même hors sélection, nous restons en contact parce que nous sommes désormais une famille.

Avez-vous l’impression que vous manquez de reconnaissance sur le plan internationale, en tant que footballeuse africaine ?

Je dirais simplement que j’ai encore beaucoup à prouver, parce qu’il y a aussi beaucoup de bonnes joueuses dans le monde et qui ne sont pas également récompenser comme moi. Je vais continuer de travailler, donner le meilleur de moi en espérant avoir des récompenses.