Actualités of Sunday, 22 September 2024

Source: L'oeil du Sahel

Horreur au Cameroun: un producteur de coton abattu par des hommes armés

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Ngaïbaï Bana, un habitant de la localité d’Eléphant dans l’arrondissement de Touboro, a été froidement assassiné par des hommes lourdement armés aux premières heures du 19 septembre 2024. Ces hors-la-loi l’ont surpris dans son champ de coton et l’ont criblé de balles. Selon des informations collectées auprès des habitants, le drame a eu lieu aux environs de 9h. Le défunt s’y était rendu en compagnie de son frère cadet, un certain Job. Ils s'y rendaient pour traiter leur champ. Ils devaient y pulvériser de la soude et d'autres produits agricoles. Ils ont été surpris par les assaillants à 9h. «Dans un premier temps, ces gens ont cherché à se saisir d’eux vivants. Ils ont voulu les kidnapper, mais les deux frères ont tenté de s’échapper de leurs mains. Ils ont alors tiré sur le grand frère Ngaïbaï et l’ont blessé au bras. Malgré la blessure, ce dernier a tenté de prendre la fuite. Quand il leur a tourné le dos pour prendre la fuite, ils lui ont logé une balle dans le dos. Il s’est effondré sur le champ et a rendu l’âme. Quand celui-ci s’est effondré, ces individus ont ordonné à Job de ne pas bouger, sinon il subirait le même sort que son grand frère.

C’est donc comme ça qu’ils se sont saisis de lui et l’ont emmené avec eux», déclare Wandala Daniel, un habitant d'Eléphant. Deux personnes ont également été enlevées. Outre le frère cadet du défunt, un autre producteur de coton a été kidnappé. Ils l’ont arrêté dans son champ et l’ont également emmené avec eux. Aucune résistance ne leur a été opposée. «Ils nous tuent comme des mouches, sans être traqués. C’est ce qui nous écœure le plus. Nous informons les éléments des forces armées qui sont censés nous protéger, mais ils ne font rien pour marquer leur présence dans le village. Ils montent, ils descendent et ouvrent des enquêtes qui n’ont jamais servi à quoi que ce soit. Sincèrement, nous attendons des actions. Un village a été investi et il y a eu des tueries et des enlèvements. Ils restent au village et passent toute la journée à nous harceler de questions», se plaint Justin Tsokova, un habitant d’Eléphant. Les populations d’Eléphant ont l’impression d’avoir été abandonnés. «Honnêtement, il y a un manque de volonté de vouloir éradiquer ce phénomène. Ce que je dis est le fruit d’une analyse minutieuse du comportement des éléments de nos forces armées sur le terrain. Ils ne réagissent que lorsqu'ils sont attaqués. Quand c’est nous, ils ne se limitent qu’aux questions qu’ils posent aux familles des victimes.


Je le dis pour notre honte», poursuit Justin Tsokova. Il convient de souligner que la localité d’Eléphant est située à 60 kilomètres de la ville de Touboro. Un poste de gendarmerie y a été créé il y a quelques années. Des postes et camps militaires entourent la localité. «Notre déception est grande lorsque nous savons qu’en dehors du poste du BIM (Brigade d’infanterie motorisée, Ndlr) dans le village, d’autres camps militaires nous entourent et peuvent intervenir à chaque fois que le village est attaqué. Il y a un camp du BIR à Bilougui, situé à 2 kilomètres d’Eléphant, ainsi qu’un poste du BIR et un poste du BIR à Phacochère. Il devrait y avoir une mobilisation tous azimuts et un ratissage pour la libération des otages. Mais rien n’a été fait. C’est désolant pour le pays lorsqu’on sait que ces gens sont payés pour ça», regrette ce dernier. La population a récupéré la dépouille du défunt et lui rend un dernier hommage. L’inhumation aura lieu le 20 septembre 2024.