Avant le départ de la petite délégation camerounaise pour le dernier stage avant la Coupe du Monde, Samuel Eto’o et Mouelle Kombi, pourtant qu’on savait très en froid, on curieusement affiché une complicité assez remarquable. D’ailleurs, à la veille de ce départ, lors de sa première sortie officielle dans un média local, Samuel Eto’o avait répondu avec un respect légendaire à une question du journaliste qui voulait que ce dernier parle du Ministre en charge des Spots.
Mais il est de notoriété publique que les relations entre le président de la Fédération camerounaise de football et son ministre de tutelle n’ont jamais été cordiales. Jeune Afrique livre d’autres détails de cette guerre fratricide.
« Pendant plusieurs mois, les deux hommes s’évitent mais s’envoient des correspondances musclées. En février, à la suite de l’échec du Cameroun à la CAN, Eto’o veut nommer Rigobert Song manageur-sélectionneur des Lions indomptables. Le ministre des Sports s’y oppose, souhaitant le maintien du Portugais Toni Conceiçao. Mal lui en prend : le ministre perd l’arbitrage d’Etoudi, et la nomination de Song est officialisée. Comble d’humiliation, Mouelle est sommé par la présidence de publie un communiqué pour l’annoncer.C’est un camouflet pour Mouelle Kombi, qui décide de bouder les événements où il pourrait rencontrer le patron de la Fecafoot. En avril, par exemple, il n’effectue pas le voyage à Blida, en Algérie, à l’occasion de la rencontre éliminatoire au cours de laquelle le Cameroun se qualifie pour la Coupe du monde. Pour sa part, Samuel Eto’o n’honore pas plusieurs invitations du ministre, notamment celles à la tournée du trophée de la Coupe du monde au Cameroun, et à la grande réunion préparatoire au Mondial 2022.Cette inimitié ayant fait les choux gras de la presse locale, les activistes des réseaux sociaux n’hésitent pas à attiser le conflit. Ainsi le ministère des Sports doit-il démentir par communiqué une fake news lui attribuant un courrier demandant à la Fifa de « constater la vacance » à la tête de la Fecafoot à la suite d’une condamnation de Samuel Eto’o pour fraude fiscale en Espagne », souligne Jeune Afrique.

« On croyait donc la rupture consommée entre les deux hommes. Pourtant, le 9 novembre dernier, Narcisse Mouelle Kombi et Samuel Eto’o semblaient avoir fait la paix. On les voit échanger au stade Ahmadou Ahidjo, l’air complice, faisant bonne figure devant le public. Le lendemain, à l’aéroport Yaoundé-Nsimalen, d’où décolle l’avion des Lions indomptables pour Abu Dhabi, leur camp d’acclimatation avant la Coupe du monde au Qatar, les deux hommes apparaissent de nouveau sous leur meilleur jour.À qui doit-on ce climat de détente ? À Eto’o, peut-être, qui a tenu des propos apaisant quelques jours auparavant lors d’une interview exclusive donnée à une chaîne de télévision locale ? « On ne parle pas d’un chef traditionnel en public (…) Si j’ai quelque chose à lui dire, je sais où le trouver », répond alors le patron de la Fecafoot à un journaliste qui s’attendait à une « punchline » visant Mouelle Kombi. Prévenant et flatteur, Eto’o justifie même l’absence du ministre à la cérémonie du meilleur joueur camerounais, éteignant de fait toute polémique. À la veille de la Coupe du monde, il recherche visiblement l’apaisement. Saisissant la balle au bond, le ministre manifeste quant à lui – en public – un état d’esprit plus collaboratif. La paix des braves semble régner… Pour combien de temps ? », conclut Jeune Afrique.