Le président national du Front pour le changement du Cameroun (FCC) et député à l'Assemblée Nationale, Jean Michel Nintcheu, n'a pas mâché ses mots en réaction aux déclarations du ministre de l'Administration territoriale. Dans une déclaration rendue publique ce 6 mars 2025, l'opposant dénonce ce qu'il considère comme des provocations inadmissibles en cette année électorale.
C'est dans la salle des conférences de son département ministériel que Paul Atanga Nji avait convoqué les médias mardi dernier. L'objectif affiché : faire le point sur le maintien de l'ordre et la situation politique en cette année électorale. Le ministre s'était particulièrement attardé sur la situation des partis politiques et ce qu'il a qualifié d'« affirmations infondées et illégales de certains leaders politiques » concernant les échéances électorales à venir.
Sans ambages, le patron du ministère de l'Administration territoriale (MINAT) avait pointé du doigt certains leaders de partis politiques qu'il considère comme « véreux ». Selon lui, ces derniers se livrent à des activités d'incitation au boycott ou à l'insurrection, et manipulent l'opinion publique nationale et internationale.
« Les fauteurs de troubles n'ont qu'à bien se tenir », avait averti le ministre devant les journalistes venus l'écouter. Et d'ajouter avec véhémence : « À partir de ce jour, tous désordres, invectives, manipulations, propagations de fausses nouvelles, appels à l'insurrection et messages de haine doivent cesser et seront désormais traités avec toute la rigueur de la loi. »
Face à ce qu'il considère comme une provocation, Jean Michel Nintcheu n'a pas tardé à réagir. Dans une déclaration rendue publique ce 6 mars 2025, le député d'opposition qualifie Paul Atanga Nji de « ministre de la provocation nationale », un jeu de mots cinglant avec l'intitulé officiel de sa fonction.
Le président national du FCC appelle à prendre au sérieux la situation politique actuelle au Cameroun. Pour lui, les déclarations du ministre constituent une tentative inacceptable de rabaisser les institutions démocratiques et de déformer le processus électoral à des fins partisanes.
Cette passe d'armes entre le ministre de l'Administration territoriale et le député d'opposition intervient dans un contexte particulièrement sensible, alors que le Cameroun s'apprête à vivre une année électorale majeure.
Les observateurs de la vie politique camerounaise s'inquiètent d'une montée des tensions à mesure que se rapprochent les échéances électorales. Certains craignent que ce genre d'échanges acrimonieux entre figures de l'opposition et membres du gouvernement ne contribue à détériorer davantage le climat politique.
Pour l'heure, ni le ministère de l'Administration territoriale ni les autres partis d'opposition n'ont réagi à la sortie de Jean Michel Nintcheu. Une chose est certaine : le ton est donné pour ce qui s'annonce comme une période électorale mouvementée.
Lire ci-dessous l’intégralité de sa sortie :
DÉCLARATION À LA SUITE DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU MINISTRE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE, « MINISTRE DE LA PROVOCATION NATIONALE » PAUL ATANGA NJI.
L’opinion publique a été, une fois de plus, profondément choquée par une provocation grossière supplémentaire, une de trop, du Ministre de l’administration territoriale, « ministre de la provocation nationale » Paul ATANGA NJI à l’occasion de sa conférence de presse organisée le mardi 4 mars 2025.
Je souhaite clairement rappeler que la politique est une affaire sérieuse qui traite des questions sérieuses. Elle n’est pas un refuge pour clowns. Les pitreries doivent être confinées dans les salles de spectacles; elles n’ont pas de place sur la scène politique. Surtout pas en cette année électorale cruciale.
Nul n’a le droit de rabaisser l’État à ce point. Quand bien même quelqu’un serait porté à le faire, l’État et le peuple camerounais ont l’obligation de l’en empêcher fermement.
Il est inadmissible de dévaloriser à ce point la fonction ministérielle sans conséquences politique et juridique pour son auteur.
Maintenant ça suffit !
Il est loisible pour les Camerounais, les chancelleries accréditées au Cameroun et plus généralement pour la communauté internationale de constater que le Ministre de l’administration territoriale, Paul ATANGA NJI, a manifestement échappé depuis à tout contrôle politique aussi bien du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Joseph DION NGUTE, que du Président de la République, Paul BIYA.
À moins que le pouvoir, dans une stratégie hideuse de ses cabinets noirs et pour des buts funestes contre la Nation ne l’utilise comme un chien Pitbull pour mettre en exécution son projet désormais assumé d’insurrection d’État.
L’on pourrait se demander ce qui peut expliquer cet acharnement du régime en place à orchestrer par tous les moyens cette insurrection dont elle accuse sans fondement l’opposition?
C’est sans doute dans l’espoir, déjà perdu, d’échapper à son sort électoral d’octobre prochain auquel le condamne par avance son bilan désastreux.
Ce bilan de 43 ans de gestion kleptocratique, irresponsable et désastreux lui pend au nez alors que la colère du peuple monte et gronde de toute part.
Le régime veut créer l’insurrection pour tenter de noyer sa défaite électorale certaine.
D’où son refus obstiné, avec l’appui du Conseil Constitutionnel, des magistrats aux ordres et d’ELECAM qu’il contrôle totalement, de publier la liste électorale nationale, conformément à l’article 80 de la loi portant Code Électoral.
Le sabordage assumé avec une arrogance insupportable de M. Erick ESSOUSSE, DG D’ELECAM, dans le processus des inscriptions sur les listes électorales, tant au Cameroun que dans la diaspora, est inadmissible et inacceptable.
L’appel public à la violation des aléas 2 et 3 de l’article 15 de la constitution qui disposent: «
(2) Chaque Député représente l’ ensemble de la Nation.
(3) Tout mandat impératif est nul. » ainsi que les immixtions intempestives et illégales du Ministre de l’administration territoriale dans le fonctionnement des partis politiques a pour but ultime d’exclure des adversaires politiques du scrutin présidentiel à venir. Sur ce dernier point, il me plaît de rappeler que le Front pour le Changement du Cameroun (FCC) est représenté à l’Assemblée Nationale et dans plusieurs conseils municipaux à travers le pays si l’on s’en tient à l’article 15 (3) ci-dessus. C’est l’occasion pour moi, une fois de plus, d’appeler la Directrice Générale du quotidien gouvernemental, Cameroon Tribune, Mme Marie Claire NNANA, à qui le FCC a servi un droit de réponse resté jusqu’ici sans suites, et le DG de la télévision publique, CRTV, M. Charles NDONGO, à cesser immédiatement leurs mensonges et la propagande qu’ils servent à l’opinion en lieu et place des informations.
Ce mensonge et cette propagande portent notamment sur la publication de prétendues listes des partis politiques qui, selon eux et leur parti politique, le RDPC, seraient à mesure de présenter des candidats à l’occasion du prochain scrutin présidentiel.
Qu’ils sachent que l’impunité dont ils bénéficient aujourd’hui va bientôt prendre fin. Ils répondront donc, le moment venu, de leurs actes devant une justice enfin indépendante.
Pour approfondir : Voici enfin le programme des obsèques de Cabrel Nanjip
Au terme de l’article 5(1) de la Constitution: » Le Président de la République est le Chef de l’ Etat.
(2) Élu de la Nation tout entière, il incarne l’ unité nationale ;(…) ». Il est donc temps que M Biya assume entièrement ses prérogatives constitutionnelles afin de stopper l’insurrection d’État que son pouvoir et le parti politique qu’il dirige sont en train d’organiser sous ses yeux. Le RDPC et le régime BIYA -RDPC sont, en effet, et comme chacun peut le constater, en rébellion contre la constitution et les lois de la République.
Le Ministre de l’administration territoriale , Ministre de la Provocation Nationale, puisque celui-ci n’est manifestement plus justiciable devant les juridictions camerounaises, doit savoir que désormais nous répondrons à ses outrances !
Désormais il y aura de la réplique. Une réplique qui épouse son ton, son arrogance et ses provocations.
Ça ce voit, Monsieur le Ministre de la Provocation Nationale est pétrifié à l’idée de perdre, sous peu, le pouvoir.
Peut être parce que, plus que quiconque, il sait qu’il doit de sérieux comptes aux Camerounais. Il leur doit des comptes pour sa responsabilité historique dans le déclenchement et l’aggravation de la guerre civile inutile qui, depuis bientôt 8 ans, décime des populations des régions du Nord-ouest, sa région natale, du Sud-ouest et des membres de nos forces de défense et de sécurité.
Il leur doit des comptes pour la ruine de la CAMPOST; Il leur doit des comptes pour la gestion des dizaines milliards de francs CFA engloutis dans le panier sans fond de la Direction de la sécurité civile du ministre de l’administration territoriale. Il leur doit enfin des comptes pour sa gestion, épinglée, de l’argent de la COVID-19.
Sans oublier qu’il a protégé, sous les objectifs des caméras, la mafia de la drogue qui décime la jeunesse de notre pays. Il s’est, en effet, violemment opposé à la démarche du ministre de la santé publique visant à interdire la consommation publique impunie des drogue dans un bar qui devrait intéresser la police nationale et internationale spécialisée.
Atanga Nji a en effet très peur du Changement et de l’Alternance que les Camerounais lui sifflent dans les oreilles.
Mais ceci n’est nullement une raison pour qu’on le laisse faire imploser le Cameroun.
Les Camerounais l’ont, en vain, attendu ses fameuses conférences de presse sur divers sujets importants et graves. La séquestration en plein jour de monsieur le Ministre d’État, Secrétaire Général de la présidence de la République et de sa suite à Kousseri, dans l’Extrême-nord où il s’y trouvait pourtant lui même également, par ses camarades de parti. La prise en otage de monsieur le Gouverneur de la région de l’Extrême-nord et de son état-major par des populations en colère. L’enlèvement du malheureux Sous-préfet d’Idabato, M. Laurent EWANE, etc..
S’il y a un conseil pour lui, en ce moment où il ne parvient plus à dormir car tourmenté par la Libération démocratique du peuple camerounais- qui n’est par ailleurs plus qu’une affaire de mois-, c’est simplement de lui demander d’avoir le courage de » gérer le retour » de tout le mal qu’il a déjà infligé aux Camerounais, depuis sa nomination à ce poste.
C’est l’occasion de rappeler à messieurs Éric ESSOUSSE, Directeur Général d’ELECAM et ENOW EGBE Abrams, Président du Conseil Électoral d’ELECAM, au ministre de la justice, et davantage aux magistrats dont la bienveillance à l’égard des membres du Gouvernement et des militants du RDPC qui appellent à la haine tribale, à l’insurrection d’État voire au coup d’État militaire, qui diffament et insultent, que le maintien de l’ordre électoral relève exclusivement de la compétence d’ELECAM.
Ainsi, en matière électorale, le Ministre de l’administration territoriale, les autorités administratives et même le procureur de la République ne peuvent intervenir qu’à la demande d’ELECAM. Or ce qui est donné de constater actuellement, c’est que le Ministre de l’administration territoriale, « Ministre de la provocation nationale », s’est illégalement approprié les pouvoirs et prérogatives d’ELECAM.
Afin que nul n’en ignore, l’article 4(1) du Code Électoral dispose: « Elections Cameroon » est un organisme
indépendant chargé de l’organisation, de la gestion et de la
supervision de l’ensemble du processus électoral et référendaire. ».
D’où vient-il donc que le Ministre de l’administration territoriale, Ministre de la provocation nationale, place sous sa tutelle » l’organisme indépendant » qu’est ELECAM ?
Le régime BIYA -RDPC est désormais électoralement cerné après 43 ans de bluff, de mensonges et de propagation du virus de la haine tribale. Il lui reste de se rendre car toute comédie qui dure trop longtemps finit toujours par devenir une tragédie. La meilleure issue qui lui reste c’est de sortir du pouvoir par les urnes.
Fait à Douala, le 6 mars 2025
Honorable Jean Michel NINTCHEU,
Député
President National du Front pour le changement du Cameroun (FCC)