Dalami Mahaman,conseiller politique, consultant en relation publique et François Meynent, consultant en politique africaine ont publié sur le site de Jeune Afrique un article qui donne un aperçu de l’image que Emmanuel Macron a de Paul Biya et son régime.
Les rédacteurs de l’article expliquent comment la corruption est érigé en instrument politique au Cameroun. Ils détaillent également les arrestations arbitraires des opposants politiques sous le régime de Paul Biya. L’Opération Epervier selon ces derniers, a été détournée de ses objectifs premiers.
« Il (Emmanuel Macron Ndlr) ne peut ignorer la corruption profonde qui règne dans toute la société et qui est un instrument politique, comme le communautarisme diviseur mis en place par le pouvoir, ni ces opérations Épervier qui mettent hors circuit les opposants dangereux, Marafa Hamidou Yaya en étant le plus représentatif, par suspicion de corruption… un comble. Mais tout ceci est fait dans la légalité, car c’est la loi telle qu’elle est écrite par le pouvoir qui le permet. À ce titre, la loi est un instrument politique qui donne une apparence de démocratie, et non un instrument d’égalité au service du peuple », révèle Jeune Afrique.
Gré à gré
Néanmoins Emmanuel Macron n’est pas prêt à condamner publiquement Paul Biya et son régime. Il ne compte pas non plus revoir ses relations avec le président octogénaire qui dirige le Cameroun depuis près de 40 ans. Au contraire, la prochaine visite du président français viserait entre autres à baliser la voie pour une succession de gré à gré à la tête du Cameroun après Paul Biya. Franck Biya, le fils aîné du président de la République qui ne cache plus ses ambitions présidentialistes serait dans les bonnes grâces du Macron. Selon Jeune Afrique, Franck Biya a déjà été reçu à l’Elysée.
« La constante de la politique française depuis la fin de la Françafrique semble être de faire confiance à celui qui est en place, à sa succession choisie, plutôt que de jouer la carte du renouveau et de la rupture, par peur de l’inconnu, la nouvelle femme ou le nouvel homme dont on ne connaît pas vraiment les objectifs. Au Cameroun comme ailleurs en Afrique », indique Jeune Afrique.
Argent sale
Le journal français l’Obs s’intéresse à la fortune de la première dame du Cameroun Chantal Biya et son beau fils Franck Emmanuel Biya. Dans un article intitulé « Immobilier de luxe : comment la France attire l’argent douteux du monde entier », le média révèle que Chantal Biya, officiellement sans profession a acquis 3 immeubles en France dont un à Paris. L’Obs classe les Biya parmi les proches de dirigeants véreux qui font usage d’argent douteux en France
« La femme du chef de l’Etat, Chantal Biya, est, elle, bien moins discrète que son beau-fils, comme en témoignent ses coiffures extravagantes et ses séjours clinquants à Genève avec son mari. Elle est « sans profession », d’après les documents officiels de ses entreprises, ce qui ne l’a pas empêchée de dépenser plus de 2 millions d’euros pour acheter trois appartements dans le 16e arrondissement de Paris, à Levallois-Perret et à Nice entre 1997 et 2009 – dont deux payés cash et le troisième financé par un emprunt à la BNP. », écrit le journal.
Interrogé sur l’origine de sa fortune, Chantal Biya Biya a répondu au média par l’intermédiaire de Pierre François-Xavier Menye Ondo. Ce dernier juge modeste les dépense de l’épouse de Paul Biya. En clair ces trois immeubles ne sont en réalité qu’une infime partie de l’immense fortune amassée par le couple présidentiel qui dirige le Cameroun depuis bientôt 40 ans.
« Des achats qu’elle nous confirme par l’intermédiaire d’un sénateur camerounais, Pierre François-Xavier Menye Ondo, qui est aussi notaire et son associé, avec seulement 1 % des parts dans deux de ces achats. Ce dernier nous fait parvenir « un commentaire très personnel » : « L’épouse d’un président de la République qui achète des biens de cette valeur, associée à un notaire qui exerce depuis trente ans, n’est-ce pas plutôt une preuve de modestie ? », indique le journal.
Malgré leur fortune, les Biya ne sont pas respectés en France. Pour des experts en droit, Chantal Biya fait usage de l’argent douteux pour acquérir ses biens en France.
« L’avocat français William Bourdon, qui a mené quantité de batailles contre des détournements de fonds opérés par des dirigeants politiques, connus sous le nom des « biens mal acquis », pense tout le contraire : « Dans le classement des pays les plus corrompus, Il s’agit d’un pays en tête de liste. L’absence de profession de l’acheteuse est un indice, parmi d’autres, qui aurait dû alerter, et c’est un euphémisme, le notaire. », détaille le média.
Des analystes n’excluent pas l’hypothèse que les biens des Biya acquis en France soient saisis en