Le gouvernement camerounais fait face à un défi complexe de politique fiscale, coincé entre des impératifs économiques internationaux et les attentes légitimes de sa population.
La décision de renforcer la collecte de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et de la taxe locale de développement intervient dans un contexte économique tendu. Alors que l'inflation, qui atteignait 7,3% en janvier 2023, devrait ralentir à 5,4% en 2024, les ménages camerounais subissent une pression fiscale croissante.
Louis Paul Motaze, ministre des Finances, navigue dans des eaux particulièrement difficiles. Contraint de solliciter l'aide du Fonds monétaire international (FMI), le Cameroun a signé plusieurs accords financiers depuis juillet 2021, totalisant près de 1,016 milliard de dollars (636 milliards de FCFA).
Ces financements internationaux s'accompagnent de conditions strictes. Le FMI impose notamment une réduction de l'endettement et une augmentation significative des recettes fiscales non pétrolières, qui devront atteindre plus de 4 500 milliards de FCFA en 2025.
La stratégie gouvernementale vise à élargir l'assiette fiscale, aujourd'hui particulièrement étroite. Les données de l'OCDE révèlent que l'IRPP ne représentait que 6% des recettes fiscales en 2022, contre une moyenne de 16% en Afrique subsaharienne. Cette situation créait une iniquité flagrante, principalement supportée par les travailleurs du secteur formel.
Les perspectives pour 2025 ne sont pas totalement moroses. Les prix des produits importés devraient continuer de baisser, grâce à une conjoncture internationale plus favorable et une réduction d'environ 60% des coûts de fret maritime.
Néanmoins, le gouvernement fait face à un défi de communication. Dans un contexte où la qualité des services publics peut encore être améliorée, la population devient de plus en plus exigeante sur l'utilisation des deniers publics.
Cette réforme fiscale s'apparente donc à un exercice d'équilibriste : augmenter les recettes sans asphyxier une économie déjà fragilisée par plusieurs chocs externes. Le rendez-vous du 15 décembre prochain, où le gouvernement devrait obtenir de nouvelles ressources du FMI, sera crucial pour la trajectoire économique du pays.
Le Cameroun, première économie de la zone Cemac, devra démontrer sa capacité à mettre en œuvre des réformes structurelles tout en préservant le pouvoir d'achat de ses citoyens.