Entre les tapages médiatiques sur les projets dans le secteur extractif et l’inaction du comité national, le pays risque une nouvelle suspension en décembre 2024.
Le Cameroun a été suspendu par le secrétariat du comité international de l’ITIE. L’annonce remonte au 4 mars 2024. L’organisme international reproche à l’État camerounais de ne pas suffisamment impliquer la société civile. Laquelle évolue dans un lot de contraintes dont un manque de liberté d’expression. Et c’est la deuxième suspension en deux ans. Depuis lors, l’eau a coulé sous le pont et l’on note très peu ou pas d’action.
«Beaucoup de projets sont en train d’être réalisés, beaucoup de permis sont attribués, mais le comité qui est en charge de réguler ce secteur ne fonctionne pas. Il n’y a pas un texte qui constate son effectivité. De manière claire, il n’y a pas de comité. On ne peut donc pas s’attendre à des résultats», déplore Eric Etoga, chargé de projets au Centre pour l'environnement et le développement (CED). Ce n’est pas tout.
Radiation
Le Cameroun est censé produire un nouveau rapport au 31 décembre 2024. Pour en arriver là, le comité national, dument constaté, doit statuer pour désigner le conciliateur et étudier les termes de référence, les dossiers déposés, pour identifier l’entité qui doit faire l’évaluation au Cameroun ; ainsi que les termes de références relatives à sa mission de collecte des données auprès des entités déclarantes. Autant d’activités qui prennent beaucoup de temps (environ quatre mois).
Sachant que le Cameroun avait déjà été suspendu en 2021, il est fort probable qu’il soit de nouveau suspendu pour la même raison. «Avec la suspension qui pèse sur nous, si nous devons encore être suspendus pour n’avoir pas fourni le rapport à temps, ce sera la radiation», prévient Eric Etoga. Autant de faits qui poussent le Prince Henri Njoh Manga Bell à se demander «si notre pays n’adhère pas à ces instruments internationaux pour satisfaire quelques exigences ».
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Dans sa position d’accompagnateur de l’État et en vue d’accélérer le processus, la société civile vient de présenter ses mandataires. C’était le 29 aout dernier à Yaoundé. Au nombre de douze, ils ont été désignés pour représenter la société civile au sein du comité national ITIE. Parmi les différentes factions représentées, se trouvent en bonne place les communautés religieuses, porte-voix des démunis, des femmes et des enfants.
Une fois encore, les OSC tirent la sonnette d’alarme. «Nous risquons la radiation et cela aura une incidence sur les projets avec les bailleurs de fonds internationaux, dans la mesure où un pays qui n’est pas transparent fait preuve d’un manque de sérieux et d’une insécurité», explique Eric Etoga, leur mandataire. Il suggère de constater le comité national et d’élaborer des contrats de travail aux personnels en situation d’insécurité.