Jeune Afrique, dans son dossier exclusif, met en lumière le duel de leadership qui se déploie dans la région de l'Extrême-Nord camerounais entre deux personnalités majeures : Cavayé Yéguié Djibril et Ibrahim Talba Malla. Cette région stratégique est le théâtre d'une bataille captivante pour la direction.

Cependant, l'influence du chef des députés, Cavayé Yéguié Djibril, est remise en question sur ses propres terres par un autre protagoniste originaire du Mayo Sava et membre du RDPC, Ibrahim Talba Malla. Fils d'Abba Malla, un ancien ministre d'Ahmadou Ahidjo, Talba Malla occupe depuis 2019 le poste de ministre des Marchés publics. Son parcours professionnel l'a également mené à des fonctions clés dans le secteur stratégique des hydrocarbures, en tant que directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH), puis à la tête de la Société nationale de raffinerie (Sonara).

Depuis plusieurs années, Ibrahim Talba Malla s'efforce de maintenir le contrôle du Mayo Sava, avec Mora comme son fief. Après le décès de l'emblématique maire de Mora, El Hadj Abba Boukar, en 2022, il a consolidé son influence en faisant élire l'un de ses proches à la tête de la commune, en la personne de Chetima Hamidou. Dans cette localité, qui se trouve à 58 km de Maroua, Talba Malla incarne la plupart des initiatives citoyennes, allant des championnats de football aux opérations de soutien aux déplacés de la guerre contre Boko Haram. Cet engagement actif contribue à transformer cette circonscription en un terrain fertile potentiel pour celui qui occupe également le poste de secrétaire à l'éducation du comité central du RDPC.

Cependant, est-ce suffisant pour faire de lui un prétendant capable de détrôner Cavayé Yéguié Djibril, dont les signes de fatigue deviennent de plus en plus visibles ? Le profil de Talba Malla, un musulman kanuri qui ne cache pas son désir d'élargir son influence sur la région, pourrait aisément attirer l'attention de Paul Biya. Ce dernier ne trouve jamais autant de satisfaction que lorsqu'il déplace habilement ses pions sur l'échiquier politique du pays, comme le souligne Jeune Afrique.