Actualités of Tuesday, 7 April 2015

Source: cameroon-info.net

Il est évident qu’il y a eu des rétro commissions dans cette histoire - Joshua Osih

Selon le député du Social Democratic Front, il faut impérativement qu’une enquête soit ouverte pour comprendre le gap entre l’argent dépensé pour acquérir ces aéronefs et le prix officiel sur le marché.

La polémique autour de l’acquisition par le Cameroun des avions chinois MA 60 récemment mis à la disposition de la compagnie nationale, Camair-Co n’est pas prête de s’estomper.

Joshua Osih, député du Social Democratic Front (SDF) qui fait partie des parlementaires de l’opposition ayant sollicité l’ouverture d’une enquête parlementaire sur cet accord de prêt entre l’Etat du Cameroun et la banque chinoise Eximbank a une fois de plus exprimé sa colère ce dimanche 05 avril 2015 sur le plateau de l’émission « Droit de Réponse » sur Equinoxe Télévision.

A en croire cet expert en aéronautique, qui dit connaitre le prix exact de ces appareils dont le Cameroun a acquis deux exemplaires à environ 34 milliards de Francs Cfa, « il est évident qu’il y a eu des rétro commissions dans cette histoire ». « Je connais le prix de ces avions, c’est une usine que j’ai visitée et ces avions coûtent environ 4,5 milliards de Francs Cfa, donc deux coûteraient 9 milliards.

Même si vous avez des packages de pièces détachées autour, vous arrivez autour de 12 ou 13 milliards mais pas jusqu’à 34,4 milliards », a-t-il soutenu. Le Vice-président du SDF pour qui il est important de savoir « comment cela s’est passé », craint que les autres projets confiés par le Cameroun à la Chine aient subi la même duperie.

« Si la Chine a fait ces rétros commissions avec les avions, certainement, elle le fait aussi avec les barrages et tous les autres projets que nous ne pouvons pas mesurer. Car, il n’est pas facile d’avoir le prix d’un barrage, donc, tout ce qu’on vous dit, vous payez », suppose l’homme politique.

Il remet également en cause la fiabilité de ces appareils, non sans questionner la nécessité de les acquérir à ce moment précis. Selon Joshua Osih, la Cameroon Airline Corporation (Camair-Co) à qui ces aéronefs ont été destinés n’a jamais sollicité leur achat. « Le dernier business plan que Camair-Co a monté en 2014 ne contient pas ces avions-là.

Jamais, l’armée camerounaise n’a exprimé la nécessité pour acheter ces avions, d’ailleurs, ils ont été surpris eux-mêmes d’hériter de ces avions que Camair-co n’en voulait plus », indique-t-il avant de questionner : « Comment est-ce que des individus qui sont censé gérer les fortunes de notre pays vont acheter trois avions que personne n’a demandés alors que tous les camerounais ont besoin des écoles, on a besoin des enseignants, on a besoin des hôpitaux, etc ? » A-t-il demandé.

Même si leur proposition d’enquête parlementaire n’a pu prospérer parce que bloqué par la majorité RDPC au parlement, Joshua Osih et ses collègues du SDF espèrent obtenir une enquête judiciaire sur cette affaire. « Il faut qu’on aille voir pourquoi ces avions ont été achetés et pourquoi est-ce qu’on a dépensé 25 milliards de plus que ce qu’ils ne valent », souhaite-t-il.

Hyounai Hyounai, un autre expert camerounais de l’aviation civile, est convaincu que la mise de ces avions qui jouissent d’une très mauvaise réputation à la disposition de la compagnie Camair-Co fera davantage reculer le taux de conformité aux normes de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) sur la sécurité aéronautique du Cameroun qui se situe actuellement à52 %, c'est-à-dire en dessous de la moyenne recommandée qui est de 60%.

La Compagnie nationale pourra en outre se retrouver sur la liste noire des compagnies aériennes à cause de ces appareils, ce qui, selon ce spécialiste aurait de graves conséquences sur le tourisme dans le pays.